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8 000 hectares de blé très durement touchés

Le très frileux mois d’avril a laissé des séquelles dans les parcelles. Lundi 22 mai dernier, les services de l’Etat sont venus constater les dégâts. Si c’est au moment de la moisson que la messe sera dite, l’alerte est lancée.

Cela fait près d’un mois que les céréaliers du département scrutent avec anxiété leurs parcelles. Depuis le 19 avril précisément, date à laquelle une première nuit de fortes gelées tardives a commencé à causer des dégâts. Trois autres s’en sont suivies, laissant craindre le pire pour cette moisson 2017. « Entre le 19 et le 24 avril 2017, l’Auvergne comme une grande partie de la France a connu un épisode de refroidissement nocturne et de gelées blanches dû à des conditions anticycloniques et à l’absence de couverture nuageuse pendant la nuit. Dans plusieurs secteurs de l’Auvergne, les températures minimales enregistrées ont atteint des niveaux critiques du point de vue de la physiologie des céréales. Dans les zones de plaine de l’Allier, elles ont atteint les -5°C sous abri, et jusqu’à -7°C dans les parcelles les plus en fond de vallée. C’est généralement durant la nuit du 19 au 20 avril qu’elles ont été les plus basses et sur la durée la plus longue avant le lever du soleil, détaille une note technique d’Arvalis. (…) Les effets de cette phase de gelées blanches ont pu être accentués par les importantes amplitudes thermiques sur la même période et par un nouvel épisode de températures négatives les 28 et 29 avril, certes moins intense mais accompagné d’une forte humidité résultant des 30 mm de pluie tombés du 25 au 27 avril ».

 

«  Les moissons seront juges de paix  »

Lundi 22 mai dernier, la FNSEA 03, les JA 03 et la Chambre d’agriculture avaient convié les services de l’Etat à venir constater les conséquences d’un tel épisode sur des parcelles de blé différemment impactées. « L’objectif de cette visite de terrain n’est pas de tirer des conclusions hâtives mais plutôt d’alerter sur ce qui est en train de se passer, explique Gilles Cabart, président de la FNSEA03. Mais ce sont bien les moissons qui seront juges de paix ». En attendant la fin de la campagne, les inquiétudes sont vives tant les dégâts semblent importants à l’œil nu. « C’est bien simple, de mémoire de technicien, on avait jamais vu cela ! », résume Pierre Desgoutte, président de Val’Limagne.coop. Ces gelées sont arrivées au pire moment puisque les blés se trouvaient, à ce moment-là entre les stades un nœud et trois nœuds. Sur cette phase du début de la montaison, le futur épi est de petite taille avec une structure fragile et globalement sensible au gel. Du fait de son ascension dans la tige, il est particulièrement exposé. Au cours de la montaison, le seuil critique retenu vis-à-vis du gel est de -4°C. « Selon les secteurs et l’intensité du gel, soit la plante a complétement gelé entraînant la destruction de la tige, soit les épis ont gelé à l’intérieur de la plante ce qui veut dire que la plante reste verte mais que les épis ne montent pas ». Le seul espoir de conserver un maigre potentiel  est que la plante émette de nouvelles talles avec de nouveaux épis.

Les rendements 2017, grande inconnue

Dans tous les cas ce n’est qu’au moment des moissons que la messe sera dite. Puisque même si plusieurs étages foliaires cohabitent, « on ne peut pas réaliser une moisson à deux vitesses », ironise Richard Moine, secrétaire de la Chambre d’agriculture. Les moissons, la grande inconnue puisqu’il est très difficile d’avancer un chiffre en matière de rendement. « Ce qui est certain, c’est que sur les 50 000 hectares de blé dans l’Allier, 20 000 sont touchés par le gel dont 8 000 très durement », précise encore Gilles Cabart. Dans sa note, Arvalis indique : « Si l’observation de ces symptômes ne permet pas avec certitude de prévoir les pertes de rendement qui seront dues à l’épisode de gel, il est toutefois possible d’affirmer que dans les parcelles les plus touchées, la densité d’épis va être affectée. Enfin, il est important de souligner que les producteurs ne disposent plus de leviers d’adaptation de leurs itinéraires culturaux qui permettraient de limiter l’impact économique du gel dans les parcelles touchées car une large partie des interventions culturales de printemps a déjà été réalisée (…) Outre l’impact sur le rendement, les parcelles touchées peuvent présenter un retard et une hétérogénéité de stades puis de maturation, une dégradation du PS et même du temps de chute de Hagberg ».

L’espoir déçu d’une année 2017 plus vertueuse

Dans ses propos, Jean-Marie Chédru, vice-président de la Chambre d’agriculture dépasse ce seul épisode : « Beaucoup d’exploitants ont décidé de ne pas assurer leurs récoltes (*) pour cette année,  à cause de rendements historiques en baisse et de la franchise élevée, après les trois dernières campagnes qui ne nous ont pas épargné elles non plus. Un grand nombre de structures espéraient une année 2017 plus vertueuse pour relancer un peu la machine. Or, avec ce qui est en train de se passer, au moins 25 à 30 % des exploitations vont connaître de grosses difficultés ».

Pas de procédure Calamité

En théorie, les cultures assurables ne sont pas éligibles à la procédure de calamité agricole. Si penser qu’elles le seront à titre exceptionnel relève du fantasme, le Dégrèvement d'office de la taxe sur le foncier non bâti (TFNB) est envisageable. Si, de l’avis de Gilles Cabart, « au point où on en est, tout est bon à prendre », cette mesure revient, pour Richard Moine, « à 5/6 euros par hectare », autant dire, aux yeux de Jean-Marie Chédru, « un pansement sur une jambe de bois ».

(*) Dans l’Allier, 400 exploitations ont contracté une assurance risques climatiques pour cette campagne.

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