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Aura, première région à bénéficier du plan de relance agricole ?

Interrogé le 21 décembre, Laurent Wauquiez a confirmé la reconduction pour 2021 du dispositif biosécurité pour les élevages porcins et annoncé le lancement en début d’année de la marque Ma Région, ses terroirs.

Laurent Wauquiez, président de la région Auvergne-Rhône-Alpes
Laurent Wauquiez, président de la région Auvergne-Rhône-Alpes
© C. Pietri

L’accompagnement de la Région pour faire face à la crise sanitaire dépasse le milliard d’euros. Le financement n’affectera aucun domaine d’intervention, a confirmé le président d’Auvergne-Rhône-Alpes, qui ne baissera pas le budget agricole pour 2021. Laurent Wauquiez ambitionne de capter 100 millions d’euros du plan de relance agricole pour la région.

Le président Valéry Giscard d’Estaing nous a quittés le 2 décembre dernier. Que retenez-vous de son rapport à l’agriculture et à notre région ?
Laurent Wauquiez : Lorsque l’on parle d’agriculture, on pense à Jacques Chirac et on sait à quel point ce dernier a aimé l’agriculture. Mais il ne faut pas oublier les apports importants de Valéry Giscard d’Estaing, notamment sur la mise en place de la Pac. Ensuite, pour l’agriculture de notre région, il a toujours défendu les races de massifs et l’agriculture de montagne. Et ça lui tenait aussi très à cœur de parvenir à développer une alternative professionnelle au Salon de l’agriculture. Quand il a développé l’équipement de la Grande Halle d’Auvergne, c’était pour permettre au Salon de l’élevage de se maintenir et de gagner en puissance pour devenir le premier rendez-vous de l’élevage européen. Il a toujours compris que la Région devait soutenir son agriculture.

L’aide de la Région pour la mise en place de mesures de biosécurité en élevages porcins prend fin au 31 décembre. Au vu de la pression de la peste porcine africaine, la Région prévoit-elle de prolonger le dispositif ?
L.W : Notre Région a été la première à mettre en place cette aide. L’idée est partie d’une séance de travail avec la profession lors du Sommet de l’élevage. L’objectif est de faire passer le message aux agriculteurs : profitez de cette aide ! Pour que le dispositif fonctionne, il faut que tout le monde joue le jeu. Si on subit la peste porcine, ce sera une catastrophe. Le dispositif est simple : il permet la mise en place de clôtures de protection, couplée avec un module de formation. J’ai décidé de le prolonger en 2021 pour qu’un maximum d’agriculteurs puissent en bénéficier.

Depuis plusieurs mois, on entend parler d’une nouvelle marque régionale : « Ma Région, ses terroirs ». Où en êtes-vous concrètement ? Quels seront ses objectifs ?
L.W : La marque régionale « La Région du goût » a été lancée en 2017 et a bien fait son chemin. Nous avons réalisé un test et elle est reconnue par les consommateurs, mais aussi par les agriculteurs et les transformateurs. Nous avons aujourd’hui près de 4 000 produits référencés. Nous avons donc franchi le stade du lancement et de l’expérimentation. Notre objectif est d’aller au-delà et de renforcer cette marque, pour aller capter des débouchés et du prix pour les agriculteurs. Nous avons travaillé avec des consommateurs et des associations spécialisées dans l’émergence de marques, et en avons conclu qu’il fallait être plus en lien avec l’idée des terroirs, pour mieux se rapprocher de l’agriculture. La marque régionale va petit à petit se transformer et devenir dès le début d’année 2021, « Ma Région, ses terroirs ». Nous avons augmenté les partenariats avec les distributeurs, qui cherchent de la valeur ajoutée et ces produits peuvent y répondre ; en contrepartie, nous voulons des engagements de volume et de prix pour les agriculteurs.

Vous aviez annoncé en début d’année vouloir créer une structure autonome, sous une forme intermédiaire publique-privée, pour aider les agriculteurs dans le rapport de force avec la grande distribution. Cette structure va-t-elle exister ?
L.W : La démarche Ma Région, ses terroirs sera rattachée à l’entité Auvergne-Rhône-Alpes Gourmand, qui va piloter la promotion et jouer le rôle d’intermédiation pour la nouvelle marque régionale.

La Région est intervenue à plusieurs reprises durant la crise sanitaire. Pourquoi un tel déploiement de mesures alors que l’État a mis en place des dispositifs d’aide massifs ? Et à quel coût pour les contribuables ?
L.W : D’abord, notre région a été l’une des plus touchées par la crise sanitaire. Ensuite, parce que les dispositifs nationaux, pilotés depuis Paris, manquent souvent de bon sens. Ça a été le cas lors de l’épisode des masques, où la Région a été la seule à en distribuer à sa population alors qu’ils n’étaient pas obligatoires. Lorsque la campagne régionale de tests a été lancée, on nous a dit que ça ne servait à rien. Et puis, des grandes villes ont elles aussi lancé des campagnes ; mais les zones rurales étaient oubliées. Notre conception était au contraire d’offrir des tests jusque dans les petites communes. Et puis dans les mesures nationales, souvent les agriculteurs ont été oubliés, par exemple pour la vente à distance ou l’agritourisme… Nous, nous avons toujours pensé à l’agriculture. Les mesures de protection sanitaires coûteront environ 100 millions d’euros. Si l’on ajoute les mesures économiques et le plan de relance régional, l’accompagnement de la Région dans cette crise dépasse le milliard d’euros. Tout cela a été financé uniquement par les économies que nous avons faites pendant quatre ans. Nous n’avons augmenté aucun impôt, ni notre dette, ni non plus pris sur les autres domaines d’intervention.

Vous avez présenté en plénière le 14 décembre, le budget primitif 2021, dont le fil conducteur est la protection des habitants de la région face à la crise sanitaire et économique. Est-ce que le budget agricole en sera affecté ?
L.W : On a aujourd’hui le budget agricole le plus important de toutes les Régions françaises. D’autres Régions baissent leur budget agricole pour financer les mesures Covid. Pas nous ! J’ai même signé un engagement très fort, puisque nous sommes la première Région qui va se battre sur l’adaptation au changement climatique.

Le déploiement du volet agricole du Plan de relance s’appuie sur la Draaf, en partenariat avec la Région et le réseau régional des chambres d’agriculture. Quel va être concrètement le rôle de la Région dans ce dispositif ?
L.W : Nous aimerions capter pour notre Région aux alentours de 100 millions d’euros, pour nous en servir sur la protection des cultures et des vergers, sur les dispositifs d’irrigation, sur la modernisation des outils de transformation… Nous avons mis en place un accord avec le préfet de Région et le président de la chambre régionale d’agriculture pour travailler tous en commun pour en récupérer un maximum pour notre territoire. La Région n’hésitera pas à mettre de l’argent pour que cela nous permette de mobiliser aussi, en face des crédits de l’État, le plus de fonds Feader. Notre objectif est qu’Auvergne-Rhônes-Alpes soit la première région en termes de bénéfices du plan de relance agricole. Nous avons des prix corrects sur un certain nombre de filières. Je reste néanmoins très préoccupé sur les prix de la viande et sur la situation de l’élevage. Nous devons donc être sur le pont.

Le Parlement européen vient de donner son feu vert au cadre financier pluriannuel (CFP) de l’UE pour 2021-2027. Le budget de la Pac a été fixé à 336 milliards d’euros en prix constants. Que pensez-vous de cette enveloppe ? Quelles sont pour vous les priorités régionales de la future Pac ?
L.W : Nous avons été très inquiets et nous sommes beaucoup battus, avec l’ensemble de la profession. Globalement, les années de transition 2021 et 2022, c’est bon ! Nous avons le même niveau de Feader que 2020, même si je considère que l’agriculture méritait mieux. La crainte, c’est 2023-2027, avec une menace de baisse de Feader annoncée de 30 %. Sur 2021-2022, nous avons ce qu’il faut pour assurer la DJA, le plan bâtiment, la montée en puissance des dispositifs pour l’irrigation… Nous allons travailler sur la bonne réussite de ces années de transition. Mais attention à ce que l’arbre ne cache pas la forêt !

Propos recueillis par Sébastien Duperay

1. Source : Agrapresse

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