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Classement en calamité agricole pour l’Allier, le dossier se construit

La profession agricole et les services de l’État se mobilisent pour que tout le département de l’Allier soit reconnu sinistré pour la sécheresse. La procédure des calamités agricoles est lancée.

Le constat, sur le terrain, d’une situation compliquée pour les éleveurs.
Le constat, sur le terrain, d’une situation compliquée pour les éleveurs.
© AA03

Face à la persistance de la sécheresse, à des récoltes déficitaires en foin et ensilage au printemps, à des stocks de fin de campagne réduits à néant, et des repousses de l’herbe aujourd’hui inexistantes, les exploitations de l’Allier doivent faire face aux conséquences d’une deuxième sécheresse consécutive. Richard Moine est le vice-président de la Chambre d’agriculture de l’Allier, il est aussi Président du comité SOS Sécheresse réactivé depuis début juillet pour trouver des solutions face à ces aléas climatiques : « Ce comité est constitué de l’ensemble des syndicats majoritaires (FNSEA, JA et FDSEA) ainsi que de la Chambre d’agriculture. Il est réactivé en cas d’extrême urgence pour aider les agriculteurs qui ne sont pas dans la capacité de s’organiser seul pour aller s’approvisionner en paille dans les secteurs où il y a des disponibilités. Le syndicalisme dispose de réseaux très efficaces dans de nombreux départements. Il faut savoir qu’on récolte un nombre d’hectares largement suffisants par rapport à la demande que l’on a aujourd’hui. Les disponibilités en paille sont réelles dans les régions céréalières, les rendements sont bons. Il s’agit juste que les agriculteurs de notre département réagissent quand c’est le moment de commander la paille. Certes, le prix est toujours trop élevé par rapport à la conjoncture agricole d’aujourd’hui. Les trésoreries dans les exploitations agricoles sont très tendues, ce qui fait qu’il est compliqué de contractualiser des tonnages de paille avec les agriculteurs bourbonnais ».

32 exploitations visitées

Des missions d’enquêtes ont eu lieu les 23 et 25 juillet avec les visites de trente-deux exploitations réparties sur l’ensemble du département pour constater les pertes fourragères du printemps. Les précisions d’Olivier Petiot, le directeur départemental adjoint de la Direction Départementale des Territoires de l’Allier : « Nous avons choisi un échantillonnage d’exploitations représentatives du département de l’Allier. Le principe de ces visites est d’évaluer les conséquences de la sécheresse sur le système d’exploitation avec, en particulier, la définition de taux de perte par type de cultures. C’est un premier point important. Des rencontres qui sont aussi l’occasion d’échanger avec la profession sur ce qui fonctionne et sur ce qui ne fonctionne pas. Des échanges qui permettent de nous nourrir des préoccupations, notamment en ce qui concerne les manques de trésorerie à partir de septembre qui sont tout à fait criants ».

Le Gaec Dufour, à Meillard, particulièrement touché

Parmi les exploitations visitées, celle des Champs, située sur la commune de Meillard, qu’exploitent en Gaec Nicolas et Franck Dufour. D’une surface de 280 hectares dont 225 d’herbe et une dizaine de maïs, le reste étant en céréales. 135 vêlages y sont réalisés chaque année. Des bêtes toutes inscrites au HBC. Nicolas et Franck subissent de plein fouet, comme de nombreux confrères, les conséquences de la sécheresse : « Au quotidien, c’est du travail en plus pour nourrir les animaux avec des dépenses supplémentaires au niveau du carburant et de l’achat de fourrage. À l’avenir, il va aussi y avoir de grosses séquelles sur l’état des prairies ainsi que sur les animaux qui n’auront pas réalisé leur croissance correctement. Heureusement, dès 2011, nous avons créé une association avec onze autres agriculteurs des environs pour nous approvisionner en paille notamment. Elle nous permet à ce jour d’en contractualiser près de 1200 tonnes à l’achat. Pour ce qui est de l’alimentation du bétail, nous utilisons de la paille avec de l’aliment liquide. On aimerait bien leur donner du foin mais nous n’en avons pas la possibilité car nous souhaitons le garder pour la saison hivernale. Nous sommes conscients qu’il ne s’agit pas de la meilleure nourriture mais c’est juste pour les maintenir en état et éviter que les bêtes soient dans la détresse ».

Un rapport établi en concertation avec la profession

Des visites qui seront confortées par de nouvelles à l’automne pour réaliser les bilans fourragers de la campagne. Des informations qui seront ensuite croisées avec des données météorologiques pour démontrer que le phénomène de sécheresse est clairement avéré en étudiant à la fois les périodes du printemps, de l’été et de l’automne. D’autres données nationales, comme la pousse des végétaux, seront également pris en compte. À partir de l’ensemble de ces éléments, un rapport sera co-construit avec la profession. Un comité départemental d’experts qualifiera le rapport qui sera transmis à Madame la Préfète de l’Allier pour lui permettre de proposer au Ministère de l’agriculture la reconnaissance en calamité sécheresse en indiquant les taux de pertes de référence, essentiels pour permettre de fixer le niveau d’indemnisation et le nombre d’exploitations qui pourront y prétendre.

Le moral en berne

Le moral de la profession n’est cependant pas au beau fixe comme le confirme Richard Moine : « Il y a une certaine lassitude qui s’explique par plusieurs raisons. Le climat, certes, mais il fait partie de notre métier. Nous travaillons avec la nature et nous en sommes, bien évidemment dépendants. La crise conjoncturelle, elle, est structurelle. Elle s’installe durablement dans notre région, autant dans le monde de l’élevage que de la culture. Les agriculteurs n’en peuvent plus de toutes les contraintes imposées sans forcément de contreparties financières, sans aides supplémentaires. Certains sont démotivés, d’autres arrêtent leurs activités ».

 

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