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Connaître et réduire l’empreinte carbone de la production de viande bovine

L’observatoire de fermes pour mesurer l’impact environnemental de l’élevage bovins viande se poursuit. Témoignage d’un éleveur du Mézenc.

Surpris par le potentiel de stockage de carbone sur son exploitation, Bernard Bonnefoy souhaite communiquer sur l’association « bilan environnemental et filière de qualité ».
Surpris par le potentiel de stockage de carbone sur son exploitation, Bernard Bonnefoy souhaite communiquer sur l’association « bilan environnemental et filière de qualité ».
© HLP

L’élevage est responsable à hauteur de 15 % des émissions de gaz à effet de serre (GES), dont 10 % pour les ruminants (9 % pour les bovins seuls), alors que l’agriculture représente 20 % de ces émissions (les transports 27 %, l’industrie 21 %). Mais dans le même temps, la séquestration du carbone dans les sols agricoles égale 90 % du potentiel de réduction des GES agricoles (source IPCC 2007, FAO 2010). Partant de ce contexte, l’Institut de l’Élevage a mis en place un outil pour mesurer la performance environnementale et construire des plans d’actions, pour sensibiliser éleveurs et techniciens, identifier, tester et promouvoir les pratiques d’élevage bas carbone… 57 partenaires issus de quatre pays d’Europe, la France, l’Italie, l’Espagne et l’Irlande ont donc lancé sur 2016/2020 le Life Beef Carbon, un programme destiné à lancer une dynamique bas carbone dans la filière viande bovine. À l’occasion du Sommet, Mathieu Velghe et Jocelyn Andurand de l’Idele ont présenté ce projet, appuyés par le témoignage de Bernard Bonnefoy, éleveur sur le plateau du Mézenc, et Philippe Halter, référent bovins viande à la Chambre d’Agriculture de Haute-Loire. Pour mesurer l’impact environnemental de l’élevage bovin, un observatoire de fermes a été mis en place (1 680 en France, 100 en Irlande et en Italie, et 120 en Espagne). Les diagnostics ont mesuré les émissions brutes de GES, puis le stockage de carbone, ce qui donne l’empreinte carbone nette de l’exploitation. De ces mesures, on peut noter que, quel que soit le système de production, la fermentation entérique représente plus de 50 % des émissions totales de GES. Suivent la gestion des effluents, les achats d’aliments et de paille, la fertilisation, les énergies directes et les achats d’engrais. Ces mesures faites, les techniciens ont édité des fiches de référence par système et bien sûr des fiches pour chacune des fermes de références. Et à partir de ces données, l’idée est d’établir avec l’agriculteur la rédaction d’un plan carbone. Cette première phase de travail devrait se terminer d’ici fin 2018. Il est ensuite prévu un suivi pendant 3 ans, jusqu’en 2020, pour déboucher sur un diagnostic final début 2020.
Pour mieux appréhender l’intérêt de cette étude, le témoignage d’un éleveur innovant suivi en ferme de référence, a apporté un éclairage.

Prairies naturelles : l’atout qui fait la différence
Bernard Bonnefoy est installé avec son épouse au Gaec « À la Bonne Fourche » aux Estables en limite Haute-Loire/Ardèche sur 166 ha de prairies naturelles à une altitude comprise entre 1 300 et 1450 m. Le troupeau compte 50 vaches Aubracs, dont les génisses hors renouvellement sont engraissées et valorisées sous la marque AOP Fin Gras du Mézenc ainsi que des bœufs. La majorité des mâles sont vendus en maigre pour une finition en filière Aubrac. Une activité d’agrotourisme vient en complément de revenu mais s’inscrit aussi dans une logique de valorisation d’un savoir-faire et d’une tradition. Bernard Bonnefoy explique que l’exploitation a évolué de la production de broutards vers des animaux finis en Fin Gras du Mézenc. « Simplification du travail, plaisir de l’élevage, optimisation de la prairie naturelle avec ses 320 plantes… » sont le leitmotiv de cet éleveur qui attache une grande importance à « un élevage traditionnel de qualité ». 96 UGB, un taux de chargement faible à 0,6 UGB/ha de SFP, un taux de finition très élevé de 57 %… cette exploitation affiche une empreinte carbone nette de 95 tonnes soit 4,1 kg éq CO2/kgvv (kilo de viande vive), résultat de 19,4 kg d’émission de GES avec 15,3 kg de stockage de carbone. Le stockage de carbone compense donc 79 % des émissions de GES et 120 % des émissions de méthane entérique. « Cette forte compensation s’explique par l’importance des prairies naturelles », précise Philippe Halter. En cohérence avec le projet de l’éleveur, le plan d’action carbone prévoit quelques améliorations. Le troupeau devrait passer de 50 à 45 VA, avec finition de davantage de bœufs. Dans le bâtiment entravé, l’éleveur envisage de changer le système de ventilation gourmand en énergie et d’éclairage pour un meilleur confort. L’aménagement de points d’abreuvement dans certaines parcelles pourrait réduire les déplacements et donc la consommation de carburants tout en diminuant le temps de travail. Ainsi les émissions brutes de GES devraient passer de 19 à 16 kg éq CO2/kgvv. Par ailleurs, Bernard Bonnefoy et son épouse sont en phase de réflexion pour passer en bio… Surpris par le potentiel de stockage de carbone sur son exploitation, cet éleveur souhaite communiquer sur l’association « bilan environnemental et filière de qualité ».

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