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Couverts : « Soyons précurseurs sur une pratique qui se généralisera de toute façon demain »

Un poignée d’agriculteurs de l’Allier se sont lancés dans une pratique encore peu développée : l’utilisation des couverts en vue de réduire l’utilisation de produits phytosanitaires.

« Ne regarder les couverts que sous l’aspect réglementaire, c’est extrêmement réducteur. Je suis de ceux qui veulent faire de cette contrainte un atout en investissant pour que ça soit véritablement un outil rentable », Jean-Marie Chedru, vice-président de la Chambre d’agriculture de l’Allier.
« Ne regarder les couverts que sous l’aspect réglementaire, c’est extrêmement réducteur. Je suis de ceux qui veulent faire de cette contrainte un atout en investissant pour que ça soit véritablement un outil rentable », Jean-Marie Chedru, vice-président de la Chambre d’agriculture de l’Allier.
© L'ALLIER AGRICOLE

" Ne regarder les couverts que sous l’aspect réglementaire, c’est extrêmement réducteur. Je suis de ceux qui veulent faire de cette contrainte un atout en investissant pour que ça soit véritablement un outil rentable». Jean-Marie Chedru, céréalier à Gouise, milite parmie d’autres pour développer cette pratique dans le département de l’Allier. Sur l’exploitation familiale, passée de la polyculture élevage à la céréaliculture, les couverts permettent progressivement de régénérer les sols. Son objectif : tenter de retrouver la fertilité d’un sol hérité des prairies en élevage et mis sous culture depuis les années 1980-1990. Avec d’autres agriculteurs du département, il présenté l’intérêt de cette pratique à une centaine de céréaliers venus prendre la température à l’occasion d’une journée découverte organisée par la Chambre d’agriculture de l’Allier.

Un outil indispensable en sol hydromorphe

« Nous avons commencé à travailler les couverts pour plusieurs raisons, explique t-il. D’abord pour des questions de sols. L’exploitation familiale se situe sur des zones fragiles, sablo-limoneuses, hydromorphes : l’utilisation de couverts végétaux est devenue un outil de travail du sol quasi-indispensable. Sur nos types de sols, on a le recul nécessaire pour savoir qu’il est inconcevable de les laisser nus tout un hiver ». Pour lui, les avantages sont nombreux: « Le couvert végétal, c’est une partie aérienne qui capte l’énergie solaire et du CO2. C’est aussi un système racinaire qui pompe l’eau et capte de l’azote. L’ensemble fait que, finalement, on injecte dans le sol de la matière organique. On capte des éléments au fond qui pourraient partir et qu’on récupère. Enfin, on redynamise la micro et la macro-biologie du sol. On s’est rendu compte qu’on avait cette possibilité de maintenir des sols sans forcément beaucoup les travailler mais dans la condition express qu’ils soient couverts toute l’année. À la longue, on entre dans un système où on capitalise, on recrée du sol». La rupture n’a cependant pas été instantanée. « Ce n’est pas pour autant qu’on a réglé toutes les problèmes. Quand on entre dans un cercle, le changement est difficile et long. D’autant que chaque étape soulève de nouveaux problèmes. Dans un deuxième temps, nous avons du faire face au salissement et aux parasites, type hernie du chou, piétin échaudage, etc ».

Nouvelle gestion des parasites

« Là on a eu une réflexion sur les rotations des cultures. On avait des systèmes beaucoup trop simples  - colza / blé ou colza / blé / orge, qui manquaient de rupture contre les parasites et les adventices ». Les cultures de printemps se sont imposées. « Il a fallu complexifier et là encore, les couverts se sont imposés davantage : on passait d’intercultures courtes à des intercultures longues ».

Prochaine étape : le semis sous couvert

À chaque nouvelle étape, «on rencontre forcément de nouvelles difficultés, notamment des retraits de matières actives, soit effectués, soit à venir. Une fois qu’on est lancé, on entre dans un système évolutif. Le panel d’instruments n’est plus le même. Cette année, on a donc du évoluer en expérimentant le semis sous couvert : c’est d’essayer d’avoir au maximum un couvert étouffant (on n’a pas encore trouvé) pour avoir un contrôle sur les adventices afin de semer une culture au printemps – essentiellement du maïs - avec une intervention de destruction du couvert à moindre frais. Là, on est dedans. Et demain, on va essayer d’expérimenter le semis sous couvert permanent. Tout l’enjeu est de trouver le bon couvert. Nous tentons notre chance avec le trèfle pour limiter le programme désherbage du colza sans que cela nous coûte en quintaux. À la récolte du colza, le couvert devrait pousser, et on tentera de le garder en bon état pour semer en direct un blé. C’est un vrai défi ».

Trouver les bons couverts

Pour développer la culture des couverts, tout le monde l’a compris, « il faut un grand sens de l’observation et surtout beaucoup de patience pour trouver les bons couverts et les bonnes techniques d’implantation ». Mais surtout, «il faut échanger, s’y mettre à plusieurs et savoir prendre sa voiture pour aller voir ce qui se fait chez nos voisins ». Se regrouper pour expérimenter, c’est ce que font de nombreux agriculteurs depuis quelques années, notamment à travers les CETA et le groupe TCS.  « Seul, on peut vite se décourager : partout en France, des agriculteurs se posent les mêmes questions que nous ». Ensemble, ils font des essais sur des bandes, avec des types de couverts, des dates d’implantation différentes, etc. « Le plus dur, c’est de se faire violence pour commencer. Ensuite, la méthode est simple : il faut complexifier les couverts avec deux, trois, quatre espèces différentes, et multiplier les rotations ».

La suite du plan Ecophyto2

Après les CETA, les expérimentations se poursuivent. Dans le cadre du plan Ecophyto 2, une nouvelle action intitulée Groupes 30 000 a été lancée en 2017.  « L’objectif de cette action est d’accompagner d’ici cinq ans au niveau national 30 000 agriculteurs, réunis en collectifs, vers la transition agroécologique à bas niveau d’intrants phytosanitaires, en mobilisant les ressources et enseignements issus notamment des réseaux Dephy », explique Pierre-Jean Chédru. Le groupe vient de se former sous l’impulsion de Luc de Fressanges dans l’Allier. Les premières réunions se tiendront avant la fin de l’année.

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