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Covid-19 : Quels impacts sur l’économie ?

La crise sanitaire due au covid-19 et les mesures de confinement qui y sont liées impactent fortement l’activité économique de l’ensemble du pays. L’Allier n’échappe pas à la règle. Penchons-nous sur les secteurs stratégiques pour l’agriculture bourbonnaise. Cette semaine, c’est celui de la meunerie auquel nous nous intéressons.

Malgré le confinement, les meuniers ne s’endorment pas. Bien au contraire. Depuis le début de la crise, la meunerie française connait une forte augmentation de son activité. Une progression encore plus forte a été constatée depuis le 12 mars dernier et l’intervention du Président de la République. Des hausses pouvant aller de 20 à 40% malgré des conditions de travail plus compliquées, notamment avec la mise en place de mesures barrières.

Les Français qui ont complètement changé leur mode de consommation en se dirigeant vers des denrées aux conservations plus longues. La farine est l’une d’elles et sa consommation s’est envolée de 140% par rapport à la normale.

Si la production de farine à destination des particuliers ne représente qu’une petite part de l’activité de la meunerie française, à peine 5%, les débouchés principaux sont liés à la boulangerie artisanale, industrielle, l’industrie et la GMS.

Le Moulin de Bressolles produit et s’adapte

A Bressolles, la minoterie Bernatot n’a pas arrêté de fonctionner et s’est adaptée, comme le confirme Lionel Villerot, gérant du moulin : « Nous avons suivi les consignes sanitaires en équipant l’ensemble de nos employés de masques, de gants, de gel hydro-alcoolique et de lingettes de nettoyage. Le respect d’une distance de 1 mètre 50, lors des livraisons est également observé. Du côté administratif et relationnel, nous avons également installé des plexiglas de protection et nous n’admettons qu’un seul client à la fois dans nos bureaux. On minimise les déplacements en n’effectuant que ceux qui sont essentiels, notamment les livraisons. Pour ce qui est des commandes, la minoterie privilégie les commandes à distance afin de faciliter leur préparation. Les clients n’ont plus, ainsi, qu’à venir retirer leurs produits sans attendre ». Si les ventes de farine envers les professionnels ont légèrement baissé, celles à destination des particuliers explosent, qu’elles soient effectuées directement au moulin, à Bressolles, ou chez les distributeurs. Lionel Villerot l’explique : « les grands magasins se fournissent principalement à l’étranger. Avec la crise sanitaire, c’est désormais beaucoup plus compliqué pour elles. Il faut donc s’approvisionner auprès des producteurs français. Leurs clients redécouvrent ainsi les produits de leurs terroirs ». La minoterie Bernatot s’insère parfaitement dans cette logique en utilisant uniquement du blé local. Un choix essentiel pour Lionel Villerot : « Parce que la qualité d'une farine commence par le choix minutieux des blés qui la composent, nous mettons en mouture des blés sélectionnés parmi les meilleurs variétés pures provenant exclusivement des terroirs environnant le moulin (Bocage et Limagne bourbonnaise). Depuis bientôt dix ans, nous avons réactualisé la culture locale d'une ancienne variété de blé, le Camp Rémy, dont les qualités technologiques et gustatives sont particulièrement adaptées au travail des artisans ».

Des rayons de farine qui restent vides

C’est tout un paradoxe, malgré la première place de la France sur le podium des producteurs de blé en union européenne, les rayons de farine des supermarchés restent désespérément vides. Une situation qui ne s’explique pourtant pas par la hausse des exportations mais par un manque d’emballages et de capacités de conditionnement à destination des particuliers. Etonnante situation où il est désormais plus facile de trouver un camion de 25 tonnes plutôt qu’un sachet d’un kilo !

Des produits, à destination du grand public, qu’il a fallu adapter grâce à de petits conditionnements de 1, 5, 10 voire 25 kg. Une capacité que n’ont pas forcément développée tous les moulins. Des formats habituels pour la minoterie Bernatot qui les produit depuis déjà de nombreuses années et qui voit leurs ventes s’envoler et multipliées par trois ces dernières semaines.

Aucun problème d’approvisionnement, ni de livraison

Même si le plan de continuation de la filière alimentaire reste acté, les Français continuent à constituer des réserves. Un phénomène qui provoque une suractivité dans les minoteries qui tournent à plein régime. Une situation également constatée par Lionel Villerot : « Nous enregistrons une hausse d’activité d’environ 30%. Mais, attention, il faut rester tout de même conscient que cette situation est sans doute artificielle et liée à une situation exceptionnelle. Malgré la situation, nous ne rencontrons aucun soucis d’approvisionnement et les délais de livraison sont bons et nous n’aurons aucune pénurie ». Un constat partagé par l’ensemble des meuniers français.

Si les achats en boulangeries artisanales ont bondi au début du confinement, parfois au-delà de 140%, ces achats « irrationnels » semblent tendre à la baisse, les Français ayant des réserves qu’il faudra bien consommer.

Des pâtes bourbonnaises

Certains céréaliers qui se sont tournés vers la diversification de leur production, constatent aussi une forte hausse de leur activité depuis le début du confinement.

A Louchy-Montfand, petite commune du bassin Saint-Pourçinois, Anthony, Laetitia et Jérémie Landrieaux maitrisent même la traçabilité de A à Z de leur blé, de la culture à la fabrication de la farine, jusqu’à la création de pâtes. Avec ses deux frères, Laetitia a repris l’exploitation familiale créée par leurs parents en espérant lui donner un nouveau souffle : « On souhaitait apporter quelque chose de nouveau. Après avoir mûrement réfléchi, nous nous sommes dirigés vers la farine puis les pâtes, dans un deuxième temps. Nous transformons uniquement les céréales que nous produisons sur nos terres. Avec le blé tendre, nous réalisons de la farine blanche, complète et semi-complète. A cela s’ajoute de la farine de seigle et de sarrasin. Nous cultivons également du blé dur en vue de la fabrication de nos propres pâtes sur l’exploitation ». De la farine produite grâce à un moulin à meule de pierre fonctionnant sur place. Les pâtes, elles aussi, sont fabriquées sur le site, comme l’explique Laetitia : « On s’est équipé d’une machine à faire les pâtes ainsi qu’un séchoir. Nous disposons de différents modèles de matrices, ce qui nous permet de produire plusieurs types de pâtes comme, par exemple, des coquillettes, des macaronis, des tagliatelles, des plaques à lasagnes et même en forme de tracteurs ! Nous proposons également des kits gourmands (cookies, madeleines au safran, pain d'épices, ...) et des paniers garnis avec des produits locaux ».

Des produits en vente, sur place, dans la boutique mais également auprès des boulangers, des épiceries et des magasins de vrac. Et, depuis quelques semaines, la demande a explosé comme l’indique Laetitia : « Nous travaillons désormais exclusivement par commandes, grâce à un système de drive. Les clients commandent par téléphone ou par internet et viennent chez nous retirer les produits ». La famille Landrieaux fait également partie du réseau « Bienvenue à la Ferme » et ouvre sa boutique à des producteurs locaux d’asperges et de fromage Saint-Nectaire, installés dans le Puy-de-Dôme, ainsi qu’à François Gatineau, de la ferme du Cul de Sac, à Bransat, qui vend, chaque semaine, sur place, beurre, œufs et autres fromages frais.

Plus d’infos :

minoterie-bernatot.fr

Facebook : EARL Landrieaux

Sébastien Joly

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