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Danger sur la prochaine récolte mondiale de grains ?

Selon l’analyse de FranceAgriMer, le déclenchement d’un conflit majeur entre la Russie et l’Ukraine pourrait menacer l’approvisionnement en engrais indispensables pour assurer la sécurité alimentaire de la planète.

© AA03

Lors du conseil spécialisé « grandes cultures » du 16 février, FranceAgriMer s’est penché sur la crise ukrainienne et l’approvisionnement en engrais des pays importateurs de fertilisants. Jusqu’à présent, les prix des hydrocarbures et des engrais augmentaient mais l’approvisionnement des marchés n’était pas remis en cause. Cependant si la crise ukrainienne s’envenimait le conflit  pourrait s’étendre sur les marchés des fertilisants, entraînant une potentielle pénurie d’engrais. Le développement des cultures n’étant plus assuré la sécurité alimentaire de la planète pourrait en souffrir, selon l’analyse de FranceAgriMer.

Situation délicate
La Biélorussie et la Russie font en effet partie du cercle restreint des pays exportateurs d’engrais de la planète. La Russie occupe une part importante des marchés intermédiaires des engrais azotés, intermédiaires et finis. Plus de 40 % des exportations mondiales de potasse sont bélarusses et russes. Aucun autre pays exportateur d’engrais n’est en mesure de prendre le relais si la Russie et la Biélorussie sont dans l’impossibilité d’abonder les marchés en fertilisants. Pour le moment, la commercialisation des céréales dans le bassin de la Mer Noire et dans la mer d’Azof n’a pas été affectée par les exercices navals russes. Le détroit de Kertch reliant les deux mers n’a pas été fermé au trafic maritime. Par ailleurs, l’Ukraine a déjà vendu 17,6 Mt de blé, soit 76 % du disponible exportable, 15,5 Mt de maïs (45 %) et 5,6 Mt d’orges (96 %). Le pays exporte la quasi-totalité de ses céréales depuis ses quatre principaux ports donnant sur la Mer Noire. La Russie est dans une situation plus délicate. Ses exportations sont fortement taxées (67 $/t en blé et 49,70 $/t en maïs) et le pays dispose encore d’importantes quantités de grains invendues. Il doit encore expédier plus de 17 Mt de grains pour tenir ses objectifs de campagne.  

Boycotts et sanctions
Les compagnies d’assurance n’ont pas attendu que le conflit russo-ukrainien s’arme pour passer à l’offensive. Comme la navigation de cargos dans le bassin de la Mer Noire devient risquée, les montants des primes d’assurance sont devenus exorbitants. L’Algérie, qui avait privilégié l’origine russe et ukrainienne plus compétitive pour importer du blé aux dépens de la France, voit sa stratégie commerciale chamboulée.  
À moyen terme, le conflit russo-ukrainien pourrait impacter les échanges commerciaux de céréales, avec de possibles boycotts et des sanctions financières . Or le bassin de la Mer Noire concentre 30 % des échanges commerciaux de blé et de maïs de la planète. Ces derniers jours, les places de marché ont affiché une certaine sérénité. Le marché mondial du blé est approvisionné par l’Australie et l’Argentine. Sur le marché du blé fourrager, l’ile-continent est concurrencée en Asie par l’Inde. En Europe, les conditions de cultures ne suscitent aucune inquiétude. Cependant, le marché de l’orge et du blé dur reste tendu. Confrontée à une rude sécheresse l’été dernier, la Turquie (1,5 Mt) est devenue le troisième pays importateur d’orges loin derrière la Chine (12,5 Mt) et l’Arabie saoudite (6,6 Mt). Le retour de la Niña au Brésil n’inquiète pas outre mesure le ministère américain de l’Agriculture (USDA).
Son intensité devrait être plus atténuée que l’hiver passé (été austral). Aussi la safrina (75 % de la production de maïs brésilien) pourrait être faiblement affectée. En revanche, la sécheresse pénalise la première récolte de maïs brésilienne. Aussi, l’USDA a réduit d’un million de tonnes ses prévisions (114 Mt).

Ukraine: inquiétudes pour la rentabilité des élevages (Snia/FNA)

« Nous sommes tous très inquiets pour l’élevage », confie à Agra Presse François Gibon, directeur général de la Fédération du négoce agricole (FNA), à l’issue d’une réunion d’urgence sur la crise ukrainienne, qui s’est tenue autour du ministre de l’Agriculture le 25 février. Pour le seul aliment porcin, confirme le Snia (fabricants d’aliment), la hausse des prix des céréales le jeudi 24 février a fait bondir le prix de 20 €/t sur un jour, par rapport à un prix précédemment aux alentours de 330 €/t. « Ce conflit vient renchérir des cours déjà élevés, en fragilisant la rentabilité de l’élevage », confirme Stéphane Radet, directeur général du Snia, rappelant le contexte haussier des 18 derniers mois. Une situation dont il faudra, prévient-il, « tenir compte dans les coûts des production des élevages ». À court terme, rassure-t-il, aucun problème de disponibilité de matière première ou d’aliment n’est toutefois envisagé en France. Du côté des cultures, les fournisseurs ne prévoient pas non plus de pénuries d’intrants. « Dans l’immédiat, nous n’avons pas de craintes sur les approvisionnements », confirme Florence Nys, directrice générale de l’Unifa (fabricants d’engrais). Principale inconnue pour l’heure, selon elle : l’évolution des prix du gaz, et donc du cours des engrais, alors que « la nouvelle campagne commencera dans deux mois ». Indiquant que les fabricants demeurent « vigilants », elle souligne toutefois que le gaz « n’est pas un nouveau sujet », après les hausses observées à l’automne dernier. La situation rappelle donc pour elle que « la décarbonation de la fabrication des engrais est un sujet important », à l’échelle française comme européenne.

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