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De nouvelles capacités de stockage pour l'Ucal

Crise sanitaire oblige, les coopératives de l'Ucal ont tenu leurs assemblées générales annuelles en en comité restreint ou en visioconférence. L'occasion de dresser le bilan sur l'exercice 2019-2020.

La récolte 2019 enregistre des résultats médiocres. Vous les expliquez comment ?

Pierre Desgoutte : C'est en effet une mauvaise collecte pour Val'Limagne.coop. Comme pour le département voisin du Puy-de-Dôme, le sud Allier enregistre des rendements autour de quarante quintaux sur le secteur de Gannat. Nous avons eu une baisse de 25% par rapport à l'exercice précédent et de 40% si nous nous basons sur une belle année de collecte en Limagne. Le manque de précipitation l'explique en partie. Une année normale voit entre 700 à 750 mm d'eau arroser nos terres. L'année 2019 n'en a vu que 400 mm. De gros déficits hydriques bien sûr, mais aussi du gel de printemps, qui ont mis à mal les blés les plus précoces et les colzas. La collecte de maïs est, quant à elle, très pauvre, avec seulement 15 000 tonnes contre 35 à 40 000 tonnes habituellement. Pourquoi ? Et bien parce que les surfaces habituellement dévolues à la coopérative ont été redirigées vers l'ensilage à destination des éleveurs.

Au niveau de la commercialisation, à défaut d'avoir des rendements très faibles, nous avons eu, en revanche, des blés de très bonne qualité, permettant de fournir certains marchés et limiter ainsi les dégâts. Les prix sont cependant restés moyens, car nous restons indexés sur les marchés mondiaux.

La mise en place de filière, comme Barilla par exemple, fonctionne très bien avec la culture d'environ 5000 hectares, implantés à l'automne 2020, dédiés à cette filière au niveau des coopératives Ucal, dont 2500 hectares sur le territoire de Val'Limagne.coop. Des filières rémunératrices, qui véhiculent aussi une autre image de notre métier, notamment grâce aux jachères mellifères.

Des espaces cultivés qui ont évolué sur votre secteur, notamment avec la perte des surfaces en betteraves liées à la fermeture de la sucrerie de Bourdon. Des précisions à ce sujet ?

P. D : Une réduction de la surface cultivée en colza a été constatée suite à des mois d'août et septembre tellement secs, poussant les agriculteurs à abandonner cette culture. A cela s'ajoute des attaques d'insectes ravageurs de plus en plus fréquentes qui détruisent les cultures. Nous avions collecté jusqu'à 18 000 tonnes de colza chez Val'limagne.coop. En 2019, nous n'en avons enregistré que 1800 tonnes. Le maïs a lui aussi régressé en termes de surface. Il a été remplacé, pour la grande majorité, par le tournesol.
à  noter une légère augmentation de la surface de blé, d'orge et de triticale. Et, effectivement, la perte de la betterave à sucre, qui occupait la plus grande surface du département de l'Allier, et qui a été remplacée essentiellement par le tournesol.

Le grand projet de Val'limagne.coop, c'est ce silo sorti de terre sur la commune de Cognat-Lyonne. Pourquoi ce chantier ?

P. D : On pourrait penser qu'avec les baisses de rendements que nous venons de subir, ce silo ne parait pas forcément utile. Cependant, quand nous avons démarré la petite récolte 2019, nous n'avions pas suffisamment de place. A savoir aussi que nous allons mettre à l'arrêt deux silos, devenus vétustes et ne répondant pas aux nouvelles normes électriques notamment. Avec l'arrêt d'exploitation de ces silos, ce sont 15 000 tonnes de moins en stockage que nous perdons. Avec ce nouveau silo, à Cognat-Lyonne, nous n'augmentons nos capacités que de 15 000 tonnes. Un nouveau site qui permet aussi de faire évoluer l'ensemble de notre système de nettoyage, qui sera l'un des plus performants sur le territoire français. Le but étant ainsi de valoriser au mieux la production de nos adhérents. Un silo qui est également bio compatible, et pourra répondre, à l'avenir, aux nouvelles solutions qualitatives avec une traçabilité parfaite. Le chargement pourra être assuré 24/24 heures et 6 jours sur 7 à l'aide d'un automatisme de pointe.

Sa mise en fonctionnement devrait avoir lieu au tout début de l'année 2021 avec les premiers tests, au niveau du silo à grain, d'ici fin février. Ce chantier a débuté le 19 août 2019. Il a enregistré deux mois de retard lors du premier confinement. Fort heureusement, nous avons mis en place, avec l'aide de l'inspection du travail, des mesures de protection des soixante salariés sur l'ensemble des entreprises qui sont intervenues sur le site. Des salariés qui ont remarquablement respecté les mesures sanitaires ! Cela a permis, jusqu'à ce jour, de ne déplorer aucun cas de Covid-19 parmi eux.

La coopérative

Val'limagne.coop est-elle en bonne santé financière­ ?

P. D : Elle reflète la santé financière de nos exploitations ! Le résultat 2019 représente un tiers de celui de l'année précédente, mais nous avons des capitaux propres qui nous permettent de nous projeter avec sérénité. Comme nos agriculteurs, nous nous serrons la ceinture. Nous essayons de limiter les dépenses.  Nos salariés font un travail formidable pour limiter les prestations extérieures, et permettrent ainsi d'optimiser les charges.

L'avenir de Val'Limagne.coop, comment l'appréhendez-vous ?

P. D : Nous mettons en place notre réflexion stratégique « Val 2025 ». Une orientation différente de ce que nous savions faire jusqu'à maintenant à Val'Limagne.coop. Outre l'accompagnement de nos adhérents, nous souhaitons mettre en place de la Recherche et Développement à travers de nouvelles cultures adaptées aux évolutions climatiques, mais aussi autour des nouvelles énergies. A cette réflexion s'ajoute celle autour d'Ucal Nature et Jardin. Avec notre réseau de magasins Gamm'Vert, nous souhaitons apporter de nouveaux services au plus grand nombre sur le territoire.

Sans surprise, une collecte en baisse par rapport aux exercices précédents. Comment se caractérise-t-elle et comment expliquer ces faibles rendements ?

Yves Courrier : Au niveau national, la récolte 2019 de blé a été très bonne avec pratiquement 40 millions de tonnes. L'Allier a cependant été touché plus que d'autres régions françaises et nous enregistrons notre troisième année consécutive de baisse de collecte. Les aléas climatiques en sont les principaux responsables. La récolte 2019 a été impactée par la sécheresse de printemps et d'été. Les baisses les plus importantes ont été enregistrées sur le maïs et le colza. Concernant les céréales à paille, la collecte s'est rapprochée de la normale.

Nous avons eu un impact du confinement Covid-19 sur les exécutions des contrats en blé pendant près de trois mois, de mars à mai. Le premier confinement, avec l'arrêt de la restauration, a marqué une baisse significative en termes de consommation de pain, de viennoiseries, de pâtisseries. Une situation qui s'est traduite, de fait, par une baisse de consommation de farine par la meunerie, la boulangerie industrielle et artisanale. Par ricochet, moins de farine, c'est moins de blé ! Nous avons donc subi un impact sur les volumes de céréales exécutés sur l'exercice et qui a généré un report de stock en blé important, ce qui n'était, bien sûr, pas prévu avec une quantité de céréales commercialisée et facturée au 30 juin plus faible que d'habitude.

Baisse des volumes mais une qualité toujours au rendez-vous ?

Y.C : Oui ! Quand les conditions tendent à la sécheresse, la qualité sanitaire est en général bonne. Les problèmes de qualité des grains sont liés à des excès d'humidité et c'est loin d'être le cas pour les dernières récoltes. L'aspect qualité boulangère, qui concerne en particulier le blé, notre première espèce sur la collecte 2019, peut être qualifié de très bon cru avec des niveaux de protéines records. Coopaca, comme l'ensemble des coopératives du réseau Ucal, rémunère ces protéines, permettant ainsi de verser une prime substantielle à ses producteurs.

La surface de production de céréales, à l'est du département, continue t-elle sa progression ?

Y.C : Non. Nous avons vécu un phénomène de transfert de prairies en céréales dans les années 2010-2014. Nous sommes désormais sur une stabilité en termes de surfaces cultivées.

Plusieurs contrats ont été signés avec des grandes firmes de l'agroalimentaire. Notamment avec le groupe Barilla. Comment vos adhérents se sont-ils adaptés à ce nouveau cahier des charges ?

Y.C : C'est l'un des faits marquants de l'année avec la montée en gamme de notre première espèce collectée qu'est le blé. Nous sommes passés en trois ans, de 15 % en blé filière à plus de 50% pour l'exercice en cours. C'est une vraie réussite et cela a été rapide. Ce cahier des charges ne doit pas être vu comme une contrainte, non seulement parce que nous sommes dans une région où nous travaillons de façon raisonnée depuis plusieurs années et parce qu'il rentre pleinement dans cette direction que les agriculteurs ont donné à leur conduite culturale. Ces agriculteurs ont, de plus, une véritable notion de durabilité grâce à la mise en place de ce cahier des charges sans oublier l'avantage financier avec des primes de 15 euros par tonne, soit 10 % du prix des céréales, permettant ainsi de passer au-dessus du prix de revient pour un certain nombre de producteurs.

L'antenne de Saint-Martin-des-Lais se voit doter d'un nouveau silo de stockage. Quelle est la stratégie ?

Y.C : Justement, nous sommes dans le contexte de la mise en place de ces filières. Le site de Saint-Martin-des-Lais est aujourd'hui le premier site de collecte de Coopaca. Le rapport volumes collectés et capacité de stockage était trop déficitaire pour rester en l'état. Nous étions freinés dans le stockage des céréales conservées dans de bonnes conditions et nous étions même obligés d'utiliser des cases destinées aux engrais pour palier ce manque de place. La situation n'était donc pas durable. Nous avions donc un réel besoin d'augmenter les capacités de stockage sur ce site pour, d'une part, ne plus faire appel à des stockages précaires véhiculant une mauvaise image lors d'audits, et, d'autre part, avoir plus de place pour ne pas mélanger les blés standards, CRC ou Barilla.

Coopaca s'inscrit dans les énergies renouvelables à travers l'installation de trackers photovoltaïques. Vous pouvez nous en dire plus ?

Y.C : La mise en place de quatre trackers photovoltaïques d'une surface unitaire de 120 m2 a pour objectif d'avoir une certaine autonomie énergétique face aux augmentations régulières de l'électricité et des taxes qui y sont liées. Ils permettent aussi de revendre l'électricité à ERDF lorsque nous n'en utilisons pas, notamment en soirée, les weekends ou les jours fériés. à cela s'ajoute une démarche Responsabilité Sociétale et Environnementale (RSE) et ce n'est pas neutre. En effet, certains grands groupes avec qui nous travaillons, comme Nestlé ou Barilla, commencent à noter leurs fournisseurs et pourrons choisir à l'avenir ceux qui s'inscrivent dans des démarches de ce type. Pour Coopaca, c'est donc un avenir qui s'entrevoit.

Coopaca a donc encore de beaux jours devant elle ?

Y.C : Nous l'espérons ! Nous avons mis la barre des 50 % de blé en filière comme premier objectif. Nous souhaitons désormais la placer à 70 %. Raisonnablement nous n'irons que difficilement au-dessus. Coopaca est dans la recherche constante d'une meilleure valorisation pour ses adhérents tout en s'adaptant à la réglementation sur les produits phytopharmaceutiques, un vrai challenge pour l'année 2021 avec la décision, d'ici cette fin d'année, de continuer à assurer leur vente. Nous souhaitons rester un véritable acteur de l'accompagnement de nos adhérents dans la conduite de leurs itinéraires culturaux. N'oublions pas ce grand projet commun des coopératives Ucal autour de cette usine de valorisation des protéines dont les travaux vont débuter fin janvier 2021. Nous en serons un partenaire actif !


Comme pour bon nombre de territoires, l'état de la récolte n'est pas au beau fixe ?

Jean-Marc Chamignon : La récolte 2019 a été sensiblement identique à l'exercice précédent. Concernant le blé, l'orge et le triticale les quantités ont été correctes. Par contre, la situation n'a pas été la même du côté du colza et du maïs. Une baisse de rendement qui s'est malheureusement confirmée cette année également. Le colza a subit une forte sécheresse lors du semis, réduisant, de fait, les surfaces et le potentiel. Le maïs a vu une baisse des surfaces consacrées à sa culture, notamment pour le grain. Il y a aussi de nombreuses parcelles qui ont été vendues à des éleveurs pour les transformer en ensilage, particulièrement dans le Val d'Allier. Si les quantités sont en baisse, la qualité a été au rendez-vous.

La vente de ces céréales

a-t-elle été touchée par la crise sanitaire que nous traversons depuis le début de l'année ?

J.-M. C : La Covid-19 a énormément perturbé les marchés. Tout au long du printemps, nous n'avons vendu que peu de céréales. Les reports de stocks ont été bien plus importants que ce que nous avons l'habitude constater. Un ralentissement clair s'est opéré lors de la première période de confinement. En revanche, les productions destinées à des filières spécifiques assurent une certaine stabilité des ventes avec des volumes prévus à l'avance.

Malheureusement, pour le moment, les volumes ne sont pas encore importants.

La surface cultivée, sur le territoire couvert par Sica BB, a-t-elle évoluée ?

J.-M. C : Les prix d'achat n'étant pas très bons ces dernières années, les surfaces cultivées ont tendance à se stabiliser. Nous ne sommes plus dans la hausse des surfaces céréalières comme nous l'avons connue il y a quatre ou cinq ans.

Sica BB, a comme les autres coopératives de l'Ucal, investi dans un nouveau silo. Dans votre secteur, c'est la naissance de celui de Lurcy-Lévis. Pourquoi un tel investissement ?

J.-M. C : Oui, c'est une bonne part du montant de nos investissements. Au final, le coût s'élèvera à
2,6 millions d'euros. Nous manquions de capacité de stockage sur le Nord-Allier pour le secteur de Lurcy-Lévis, Bourbon-l'Archambault et Cérilly. Dans un premier temps nous avions investi sur le secteur de Varennes-sur-Allier à travers le silo commun de l'Ucal.

Nous nous sommes très vite rendu compte que la distance était bien trop importante pour assurer un approvisionnement correct de celui-ci avec seulement deux trajets et demi par jour avec nos semi-remorques. Les capacités de dégagements n'étaient donc pas suffisantes.

Avec ce nouveau silo nous atteignons une capacité de stockage de
7500 tonnes sur les trois cellules.

à ce jour, les travaux sont terminés et le site a pu recevoir les premiers fruits de la moisson de cette année.

Sica BB se porte-t-elle bien financièrement ?

J.-M. C : Nous faisons un résultat honnête à hauteur de 345 000 euros. Si l'an passé nous étions à 400 000 euros, la baisse s'explique par la vente de céréales qui n'a pas été encore toute effectuée, avec les 8000 tonnes de report. Pas d'inquiétude à avoir car ces tonnes seront bien entendu vendues cette année !

Quelles sont les perspectives pour l'avenir de Sica BB ?

J.-M. C : Les gros investissements sont désormais derrière nous. Il nous faut maintenir l'outil en bon état. Nous avons tout de même le projet de plateforme de stockage sur la commune de Maillet qui devrait être opérationnelle pour la prochaine récolte. Elle est devenue indispensable sur ce secteur où nous comptons de nombreux adhérents qui sont actuellement récoltés à l'aide de bennes.

Plus largement, le gros projet auquel nous nous associons est celui de l'huilerie de l'Ucal. Une véritable usine à protéines qui doit produire des tourteaux de haute gamme faisant appel à un procédé innovateur permettant de dépéliculer le colza. Une installation unique en France et deuxième en Europe, qui doit voir le jour dans la première moitié de l'année 2021. Nous sommes actuellement dans l'appel à projet.


Les sécheresses consécutives impactent directement les récoltes sur le département de l'Allier. Les coopératives Coopaca, Val'limagne.coop et Sica BB enregistrent une baisse généralisée des volumes récoltés.

En revanche, la qualité des céréales ne cesse de s'améliorer, permettant ainsi de répondre aux attentes des filières d'excellence mises en place avec de grands noms de l'agroalimentaire comme Nestlé ou Barilla. Plus rémunérateurs, ces circuits véhiculent aussi une autre image des métiers de l'agriculture en suivant des cahiers des charges aux lignes directrices plus durables.

Le silo Ucal stockage a montré tout son intérêt pendant le confinement. Pour autant, les trois coopératives réorganisent leur collecte en aménageant, chacune sur son territoire, de nouveaux silos de stockage répondant aux normes actuelles et dotés des technologies les plus innovantes en matière de pilotage, de matériel et de traçabilité.

Une union de coopératives qui s'oriente aussi vers une valorisation optimale de la filière protéine avec la conception, dès 2021, d'une huilerie capable d'assurer la transformation des graines d'oléo-protéagineux en tourteaux à haute valeur énergétique.

Tour d'horizon avec les responsables des coopératives Ucal.


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