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FNSEA et JA : « Pour des prix véritablement rémunérateurs ! »

Militants FNSEA et JA, côte à côte, pour dénoncer les prix de vente des productions agricoles dans les rayons des grandes surfaces

© AA03

Trois hypermarchés de grandes enseignes ont été ciblés mercredi dernier par une action de la FNSEA03 et des JA03 sur l’ensemble du département de l’Allier. L’objectif étant de rencontrer leurs responsables et de dénoncer les prix affichés des produits issus de l’agriculture française dans leurs rayons, bien trop faibles, selon eux, pour assurer des revenus décents à ceux qui les produisent. Gilles Cabart, président de la FNSEA03, présent au milieu des allées de l’hypermarché E. Leclerc d’Avermes, proche de Moulins se dit exaspéré : « ce qui nous révolte, ce sont ces campagnes de communication de ces grands groupes de l’agroalimentaire qui induisent en erreur les consommateurs. Elles donnent une image de préservation de l’agriculture de nos campagnes qui n’est possible que grâce à leurs hypermarchés.

Des affiches, des spots radios et télévisés qui ont été particulièrement intensifiés depuis le premier confinement. N’oublions pas tout de même que cette crise leur a permis, une fois de plus, de s’enrichir en conséquence ! »

La loi ÉGAlim non respectée

Et pourtant ces marchés sont, normalement, encadrés, comme le précise Christophe Jardoux : « la grande distribution doit suivre les obligations imposées depuis octobre 2018 par la loi ÉGAlim qui devait assurer des prix d’achat des productions agricoles plus rémunérateurs pour le monde agricole. Pourtant, dans les faits, rien n’est respecté, bien au contraire car nous assistons, à travers les allées de ces grands magasins, à une véritable braderie de nos produits. En clair, ces enseignes s’engraissent véritablement sur le dos des producteurs ». Gilles Cabart n’accuse pas uniquement la grande distribution : « n’oublions pas que, dans cette crise, il y a le rôle des exportateurs, des transformateurs qui n’ont pas levé le petit doigt pour que tout le monde se réunisse autour de la table afin d’établir un compromis incluant une rémunération juste des agriculteurs. Précisons que toutes ces initiatives de mise en avant des producteurs locaux donnent une belle image aux enseignes, mais ne résolvent en rien le problème majeur de filière, celui-ci étant que les produits les plus consommés (produits transformés et steaks hachés) échappent à ce type de démarche. On reste alors sur les mêmes fondamentaux des négociations : toujours avoir le produit le moins cher en magasin au détriment du producteur ».

Des chiffres d’affaires en hausse pour la grande distribution

Des chiffres d’affaires en hausse pour les grandes surfaces, le reste de l’économie en berne. Un constat édifiant pour les représentants de la profession comme Cédric Fournier, président de Jeunes Agriculteurs de l’Allier : « Les agriculteurs ont été mis en avant depuis le début de la crise. Nous devions, coûte que coûte approvisionner les filières mais, qui a pensé à nous assurer les revenus nécessaires pour survivre ? Pire encore, on nous demande encore de baisser nos prix ! En revanche, les grandes enseignes, elles, sont restées ouvertes et ont réalisé d’énormes bénéfices. Cherchez l’erreur… » Gilles Cabart appuyant   sur le fait que « les demandes de déflation de la part de la grande distribution sont indécentes alors que les distributeurs ont réalisé des résultats exceptionnels au regard de l’année écoulée ».

Deux visions qui s’opposent

Du côté de Montluçon, ils étaient une vingtaine à s’être rendus, ensemble, au sein de l’hypermarché Carrefour. Guillaume Lottin, jeune agriculteur, souligne tout de même des avancées : « il s’agit d’un indépendant qui achète directement les bêtes à la source. L’abattage se réalise à proximité, dans un abattoir du département limitrophe.  Des partenariats locaux sont possibles. Les problèmes surviennent principalement autour des produits transformés où les prix chutent. Dans ce magasin, oui, le secteur de la viande est suivi mais d’autres, en revanche, ne jouent pas le jeu et tirent les prix par le bas ».

Des rencontres entre agriculteurs et responsables de magasins dans le calme, sans banderoles et sans tracteurs, dans un esprit pacifiste et dans un espoir constructif dont se félicite Jean-Luc Bayrand, directeur de Carrefour Montluçon : « cette rencontre s’est faite en toute transparence. Je leur ai ouvert l’ensemble de nos chambres froides. Ils ont pu constater que ce que je leur avais dit correspondait à la réalité. Nous nouons des partenariats avec des éleveurs locaux avec un engagement de prix d’achat de leurs bêtes et leur garantissons un revenu plus décent qu’il n’est, pour bon nombre d’entre eux, aujourd’hui. Pour ce qui est d’autres produits issus de l’industrie qu’ils ont tenu à m’indiquer, je prends l’engagement de faire remonter leurs remarques auprès des responsables de l’enseigne afin d’évoluer sur ces points là. Quant à moi, à mon niveau, je ferai le maximum pour les aider ».

D’autres actions sont envisagées dans les prochaines semaines.

Jacky René-Corail, directeur de l’hypermarché E. Leclerc d’Avermes

Comprenez-vous la colère des agriculteurs qui sont venus à votre rencontre ?

Jacky René-Corail : Je comprends très bien leur colère. Nous, à notre niveau, nous n’avons pas de visibilité sur la rémunération qu’ils reçoivent en termes de valeur sur les produits qu’ils vendent.

 

Ils dénoncent des prix de vente excessivement bas dans vos rayons et une trop faible rémunération pour eux. Qu’en pensez-vous ?

J. R.-C : La loi ÉGALim a permis une augmentation des seuils de revente à perte de 10 % donc l’ensemble des prix ont augmenté de 10 %. Une augmentation que j’ai pu constater dans notre magasin et qui se confirme sur les factures. Quand il y a des baisses promotionnelles, c’est suite à un accord avec les fournisseurs ou des groupements d’agriculteurs. C’est un commun accord. Nous ne pouvons pas, bien sûr, baisser le prix d’un produit que nous n’avons pas négocié avec les producteurs.

C’est impossible. Le problème, selon eux, est au niveau de la négociation de l’achat des produits au niveau national de l’enseigne. A cette échelle, nous, responsable de magasin, nous n’avons pas la main dessus.

 

Votre enseigne a-t-elle un véritable intérêt à mettre en avant les produits locaux pour ses clients ?

J. R.-C : On l’a toujours fait depuis des années !  Cela fait trente ans que je suis dans le groupe. Actuellement, nous remarquons des partenariats, des rapprochements avec une mise en avant d’un rapprochement des producteurs. Nous sommes l’une des seules enseignes offrant cette possibilité pour l’ensemble de ses responsables d’acheter en direct des produits de la région. Nous n’avons pas attendu qu’il y ait une initiative de faite ailleurs. Notre groupe fonctionne comme cela depuis longtemps.

 

Y a-t-il des pistes envisagées pour améliorer la situation ?

J. R.-C : Oui, il y a toujours des possibilités de mettre en avant les produits de sorte que les agriculteurs soient mieux rémunérés avec une approche directe. Chaque magasin a la possibilité de mettre en avant un rapprochement avec des agriculteurs. Des opérations, à la fois, à l’initiative des producteurs et du magasin. Quand nous décidons de travailler avec des fermiers, producteurs de fromages, tout est fait en transparence avec eux, notamment au niveau des prix.

Il me semble que le gouvernement a demandé à ce que le seuil des 10 % de revente à perte soit augmenté mais si nos responsables politiques voulaient vraiment donner aux producteurs la capacité d’avoir une meilleure rémunération, il fallait toucher à la TVA tout simplement. Elle est de 5,5 % pour tous les produits alimentaires. C’est à partir d’une partie de celle-ci qu’il faudrait rétribuer les agriculteurs.

On est tous consommateurs et nous payons tous une TVA. Il faut revenir aux valeurs de celle-ci. À chaque produit transformé, c’est un gain supplémentaire qui s’ajoute au prix que le consommateur final paye. C’est, à mon sens, le moyen le plus facile pour rétribuer les producteurs.

 

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