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Grêle, vent, forte pluie ravagent l'Est du département

Un épisode orageux d'une rare violence s'est déchaîné aux environs de la commune du Bouchaud. Les dégâts sont importants, notamment sur les cultures.

Le premier jour de l'été restera dans les mémoires de plusieurs agriculteurs de l'Est du département de l'Allier. C'est en début d'après-midi, vers 13h30, que le ciel s'est assombri pour déverser des quantités impressionnantes de grêle atteignant, par endroit, près de 50 cm de hauteur. Une averse accompagnée de très fortes rafales de vent et d'abondantes pluies. Du jamais vu dans la région. Un épisode qui s'est déroulé sur une bande d'environ cinq kilomètres, s'étalant entre les communes de Montaiguët-en-Forez et Luneau. L'épicentre du phénomène se situant sur la commune du Bouchaud où les dégâts sont immenses.

 

Les larmes aux yeux...

Installé depuis le 30 mars dernier, au domaine des Pertins, situé sur cette commune du Bouchaud, Armand Passé n'en revient toujours pas. En seulement quelques minutes, le fruit d'un travail de plusieurs mois a été complètement anéanti : « L'orage passé, je n'ai pu constater les dégâts que vers 15 heures. J'en avais les larmes aux yeux. Près de 22 hectares de blé réduits à néant, l'ensemble versé et égrainé. La parcelle de maïs d'une surface de 15 hectares, a été, elle aussi, complètement broyée, les pieds coupés ». Armand y avait pourtant passé du temps dans ces parcelles, les premières dont il avait la responsabilité depuis son installation en tant que chef d'exploitation : « J'avais appliqué deux fongicides et quatre apports d'azote et un raccourcisseur. Avec la récolte qui s'approchait, c'est une culture sous contrat qui était pourtant très prometteuse, sur laquelle je fondais beaucoup d'espoir ».

 

Des efforts anéantis en quelques minutes

Il aura fallu moins d'une heure pour détruire tous ses efforts. À ces côtés, son père, Nicolas Passé, en a les larmes aux yeux : « Je n'étais pas là lors de l'orage. Mon fils m'avait prévenu par téléphone. A mon retour, je n'ai pu retenir mon émotion en longeant les parcelles ».

 

Un système assurantiel inadapté

Face à l'ampleur du phénomène météorologique, Armand et l'un de ses voisins décident de communiquer en diffusant les images vidéo de la catastrophe sur les réseaux sociaux. L'ensemble des représentants de la profession et des élus locaux décident de se rendre sur place le mercredi suivant pour constater les dégâts et tenter de trouver des solutions pour soutenir le jeune exploitant. Arrivés sur place, ils sont consternés. Se pose alors la problématique de l'indemnisation des assurances. En effet, comme bon nombre d'agriculteurs, la famille Passé n'est que partiellement assurée pour ce type de dégâts : « les cotisations sont lourdes à supporter et les indemnisations sont trop faibles, inadaptées face aux aléas climatiques que nous subissons de plus en plus fréquemment depuis ces dernières années ». Pierre Picard, le président de Jeunes Agriculteurs d'Auvergne Rhône-Alpes, a tenu à souligner qu' « aujourd'hui, chaque français contribu, par ses cotisations, à hauteur de

100 euros pour soutenir l'agriculture. Aux États-Unis, ce montant s'élève à 240 euros ». Un constat sans équivoque partagé par Cédric Fournier, président de Jeunes Agriculteurs de l'Allier : « Les agriculteurs ne s'assurent plus. Il faut revoir complètement le système en ouvrant largement le débat et assurer à chacun des revenus décents face aux charges de plus en plus lourdes ».

Patrice Bonnin, le président de la Chambre d'agriculture de l'Allier, qui avait également fait le déplacement a assuré « avoir alerté le Préfet de l'Allier pour demander l'ouverture de la procédure en calamités agricoles pour l'ensemble des communes impactées ».

Une reconnaissance en calamités agricoles attendue

A ce jour, Armand et Nicolas Passé sont dans l'attente du passage de l'expert de l'assurance et du classement de leur commune en calamités agricoles. Concernant les parcelles touchées, ils précisent qu' « il est impossible d'y intervenir tant le niveau de l'eau qui les recouvre est important. Nous essaierons ensuite de moissonner ce que nous pourrons... ».


Le domaine des Pertins, situé sur la commune du Bouchaud, s’étend sur une surface de 245 hectares dont 25 hectares sur la commune de Lenax et 86 hectares sur la commune de Saint-Didier-en-Donjon.

Une exploitation en polyculture-élevage avec un cheptel charolais comptabilisant 130 vêlages ainsi que quelques vaches de race parthenaise. Côté culture, 33 hectares sont cultivés en céréales à paille et quinze autres en maïs ensilage. Une partie de la récolte est destinée aux besoins de l’exploitation, le reste est commercialisé via la coopérative Coopaca.

Pour assurer le bon fonctionnement de l’exploitation, la famille Passé est associée en Gaec. Nicolas, le papa, n’était pas du métier. Son grand-père et son oncle, agriculteurs, en revanche, en ont fait un passionné. Après l’obtention d’un BTSa, il s’installe le premier sur la ferme avec seulement 28 vaches. Quelques années plus tard, c’est sa femme, Sylvia, qui décide de le rejoindre en transformant en 2007 l’ancienne grange en gîte. Parents de deux garçons, c’est finalement Nicolas qui décide de les rejoindre sur l’exploitation familiale en mars dernier après l’obtention d’un bac Pro CGEA au lycée agricole du Bourbonnais, à Neuvy, et un BTS Acse, en alternance, au lycée agricole de Ressins, à Nandax, dans la Loire. Deux examens pour lesquels il obtient la mention assez bien.

Les fameux diplômes en poche, Armand déborde de projets : « Ensemble, nous souhaitons atteindre les 150 vêlages d’ici à la fin de l’année. Passionnés par le vivant, nous croyons au génotypage. Le troupeau de parthenaise devrait également être revu à la hausse car c’est une race à viande de qualité supérieure pour laquelle nous pourrions développer des partenariats avec des distributeurs locaux, voire en vente directe. La vente de reproducteurs peut également être envisagée. Coté culture, si la météo de ces prochaines années, nous l’autorise, je souhaite poursuivre et développer les cultures sous contrats de qualité ».

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