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Les souterrains annulaires de la Montagne Bourbonnaise

C’est sans doute l’une des grandes énigmes de l’histoire bourbonnaise. Plusieurs dizaines de souterrains ont été découverts en Montagne Bourbonnaise dont nous ignorons à ce jour ceux qui les ont creusés et quelle en était l’utilité.

L’Allier recèle encore bien des lieux mystérieux. Plongeons dans ces souterrains énigmatiques en forme d’anneaux, en plein cœur de la Montagne Bourbonnaise. Les historiens qui se sont penchés sur leurs découvertes n’en trouvent pas la fonction. S’agit-il de refuges, d’habitations ou de lieux sacrés, la question reste sans réponse. Une certitude ; ils suivent la même architecture en prenant la forme d’un ou de plusieurs anneaux ainsi qu’une petite pièce annexe possédant, dans le plafond, un conduit communiquant avec l’extérieur.
Découverts le plus souvent accidentellement lors de travaux agricoles, on en retrouve régulièrement depuis plus d’une centaine d’années. Si la majorité a été explorée par des archéologues, certains restent encore vierges de toute visite.
Situés à proximité de points d’eau, ils sont rarement isolés mais souvent présents en nombre. Rien que sur le site d’Arfeuilles, on en dénombre pas moins d’une trentaine, séparés les uns des autres d’environ trois cents mètres. Au vu de leur proximité, on peut penser, qu’à l’origine, ces souterrains n’étaient pas cachés comme ils l’ont été par la suite.

Des schémas communs

D’une longueur d’environ 20 à 40 mètres, ils se situent à une faible profondeur variant entre 1 mètre 50 et 5 mètres. Pour y accéder, un simple dénivelé, voire même un semblant d’escalier dont l’entrée est, le plus souvent, murée.
A l’intérieur, on remarque une structure taillée dans la roche, manifestement grâce à la main de l’homme, en forme de huit ou de double anneau, d’où son appellation de souterrains annulaires. Un schéma récurrent qui fait penser à la lettre grecque Phi. Un détail qui peut-être d’importance car cette lettre est utilisée par les mathématiciens comme dénomination du nombre d’or qu’on nomme également proportion divine.
Tout au long de ces galeries, on remarque des niches, des alcôves et des conduits verticaux d’assez faibles diamètres, qui rejoignent la surface.

Plusieurs hypothèses

Plusieurs études y ont été consacrées et émettent des hypothèses. Les dernières en date ont fait appel aux derniers procédés de datation. Le carbone 14 *(1) et la thermoluminescence *(2)  ont permis ainsi de dater les rares tessons et fragments de poteries trouvés sur place, à la période du Haut Moyen-âge, soit entre l’an 400 et 800, une période s’étalant de la chute de l’empire romain au milieu du Moyen Age. Des résultats à prendre avec prudence car les lieux ont pu être utilisés à plusieurs reprises au cours de l’histoire.
Certains font le lien avec les communautés familiales agricoles, particulièrement nombreuses dans les environs sans toutefois y apporter des éléments probants. Leurs aménagements étroits, le fort taux d’humidité, ne sont pourtant pas compatibles avec une activité économique liée à l’agriculture, d’autant qu’aucun grain de céréales n’a été retrouvé.

Des corrélations avec d’autres sites, plus lointains

Si leur rôle reste flou, leurs utilisateurs viendraient, selon certains historiens, d’Autriche ou de République Tchèque où l’on trouve les mêmes. D’un seul bon, ils arrivèrent en Bourbonnais pour y occuper les terres les plus pauvres.
Alors s’agit-il de lieux de culte ou plutôt de sanctuaires ? Une thèse qui peut être confortée par l’implantation, au Haut Moyen-âge, de la religion chrétienne, qui combattait les anciennes croyances et notamment la crémation. Ces pratiques païennes étaient sans doute encore pratiquées dans des zones isolées comme la Montagne Bourbonnaise. Ces souterrains seraient en fait des lieux d’inhumations des cendres de défunts. Le problème c’est qu’aucune fouille n’a permis de mettre à jour d’éléments
funéraires, pas même d’ossements calcinés.
Et pourquoi pas des antiques sanctuaires où l’on pratiquait le culte des morts… Ce qui pourrait y faire penser, ce sont ces conduits menant à la surface et qu’on retrouve dans la plupart des souterrains. Il pourrait s’agir d’un passage symbolique entre le monde des morts et des vivants. Une tradition que l’on retrouve dans le massif de la Montagne Noire. Une tradition romaine à travers laquelle on pensait apaiser les divinités de la terre en creusant des fosses à partir desquelles les âmes pourraient se libérer grâce à des trous. D’autres sites païens se rapprochent, par des structures circulaires, avec les souterrains de la Montagne Bourbonnaise. Citons les chapelles troglodytes des Deux-Sèvres, les souterrains de certaines églises autrichiennes, allemandes voire même en Kabylie. Des pratiques qui ont peut-être été reprises par le culte catholique pour mieux s’implanter sur des territoires loin des grandes villes et des axes de communication.

Peu d’objets archéologiques

Ce qui est tout à fait étonnant c’est que ces souterrains semblent avoir été vidés de tout leur contenu et de toutes traces de leurs bâtisseurs. Pas même une trace d’outils ayant permis leur construction ou de suie de lampe permettant à ces ouvriers de s’éclairer.
Si les souterrains annulaires de la Montagne Bourbonnaise sont remarquables pour leur densité, ils sont pourtant méconnus. Interdits à la visite, ils en restent très probablement d’autres à découvrir qui apporteront, peut-être, d’autres éléments afin d’en connaitre un peu plus sur leurs fonctions qui restent, à ce jour, une véritable énigme archéologique pour les chercheurs.

Sébastien Joly
L’ALLIER AGRICOLE

*(1) Carbone 14 : méthode de datation radiométrique fondée sur la mesure de
* (1) Au carbone 14 contenu dans la matière organique dont on souhaite connaître l’âge absolu, c’est-à-dire le temps écoulé depuis la mort de l’organisme (animal ou végétal) qui le constitue.
* (2) Thermoluminescence : cette technique met à profit l’irradiation naturelle qu’ont subie les terres depuis leur cuisson, due aux éléments naturels radioactifs qu’elles contiennent, et qui se traduit lors d’un chauffage par une émission de lumière mesurable, permettant de dater l’âge de la terre cuite.

Jean-Robert Pérard, agriculteur à la retraite, à Arfeuilles :

« On a l’impression de rentrer dans une pyramide d’Egypte. C’est une expérience marquante. Après une descente d’une douzaine de mètres, certains ressentent une énergie, une présence oppressante pour certains, ou bienveillante pour d’autres. Il faut le sentir soit même. Me concernant, je peux y passer ma journée, j’y suis bien. En tout cas, il fallait avoir un sacré courage pour réaliser des choses pareilles. C’était certainement pour en faire quelques choses mais la définition nous ne l’avons pas et nous l’aurons peut-être jamais ».

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