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« Les territoires d’excellence de la maïsiculture seront préservés dans la future PAC »

Daniel Peyraube, président de l’Association générale des producteurs de maïs (AGPM)

© ©AGPM

Sécheresse printanière et estivale, deuxième épisode caniculaire, quelles sont les perspectives pour le maïs ?

Daniel Peyraube  : La campagne actuelle est très difficile pour toutes les cultures de printemps. Grâce à la résilience de la plante une large majorité des maïs avait réussi à récupérer à la faveur des orages, suite au premier épisode de canicule. Mais la canicule de mi-juillet, au moment de la floraison, est un coup dur. L’accès à l’eau fera la différence et les aléas de l’année : canicule, sécheresse, grêle, nous rappellent avec violence la nécessité de nous adapter au changement climatique pour préserver notre capacité de production. C’est le cœur de l’action de l’AGPM. La situation mondiale, dans le contexte de la guerre en Ukraine, le montre bien : l’accès à la production ne va pas de soi et à défaut de pouvoir maîtriser le climat, anticipons l’avenir et soyons force de propositions. C’est ce que nous avons fait sans relâche, en particulier dans le cadre des négociations de la PAC et du Plan stratégique national, acté par le ministre français le 15 juillet.

Êtes-vous satisfait du PSN porté par la France ?

D.P. : Oui car ce deuxième projet (qui doit être formellement validé par la Commission) est une reconnaissance des efforts consentis par les producteurs de maïs français dans le cadre de la BCAE7. Les territoires d’excellence de la maïsiculture seront préservés et devront, là où c’est possible, généraliser la couverture hivernale des sols.

Rappelons-nous que la première proposition de la Commission, exigeant la rotation à la parcelle, aurait eu un impact dramatique sur notre maïsiculture et les filières agroalimentaires associées, avec 15 % de perte de production de maïs et un manque à gagner de 750 millions d’euros par an pour la maïsiculture. Suite à des mois d’intenses négociations avec nos partenaires des autres filières, au niveau français et européen, la France a remis une première version de PSN vivement critiquée par la Commission : un accès à l’écorégime jugé pas assez exigeant sur le plan environnemental, de même que la couverture des sols (BCAE6) et bien-sûr, la rotation (BCAE7). Le projet définitif, retravaillé par la France a été officialisé le 1er juillet dernier puis le 15 juillet sur la mesure rotation.

Quels sont les principaux points à retenir ?

D.P. : Avec trois voies d’accès (agriculture bio, HVE, certification environnementale de niveau 2+), la quasi-totalité des exploitations agricoles devrait pouvoir accéder aux écorégimes. L’AGPM y a activement travaillé, aux côtés des partenaires de la filière, en créant la certification « CE2+ »

accessible au niveau standard, et en s’impliquant dans le cadre de la Commission nationale de la certification environnementale (CNCE) pour que les évolutions du référentiel HVE tiennent compte des atouts de la culture et des pratiques réellement vertueuses pour les quatre indicateurs de la certification (Biodiversité, phytosanitaires, bilan azoté et irrigation).

En matière de couverture des sols (BCAE6), les règles de la directive Nitrates s’appliqueront en zones vulnérables et la couverture des sols, six semaines durant, ailleurs, au choix de l’agriculteur, entre le 1er septembre et le 30 novembre.

Enfin les règles relatives à la rotation (BCAE7), si elles font la part belle à la rotation, permettent de pérenniser les exploitations spécialisées en assortissant la culture du maïs de la pratique d’un couvert hivernal. Notre grande satisfaction est d’avoir pu à la fois valoriser les efforts des maïsiculteurs pour faire évoluer leurs pratiques, avec la couverture hivernale et également préserver la maïsiculture alsacienne où, le couvert étant impossible, la diversification des cultures s’appliquera.  Autre motif de satisfaction : les parcelles en maïs semence n’auront pas contrainte spécifique. L’intérêt stratégique et les contraintes liées à cette production ont été reconnus !

En complément de la PAC, qui entrera en application en 2023, quelles sont les autres mesures urgentes pour l’AGPM ?

D.P. : Il y a évidemment l’accès à l’eau : première réponse au changement climatique. Si nous ne pouvons que saluer les efforts de concertation consentis au niveau national et l’engagement du Délégué interministériel sur l’eau, Monsieur Frédéric Veau, la situation est très difficile sur le terrain alors que les inondations automnales et les sécheresses de cet été rappellent la nécessité du stockage de l’eau. C’est une condition absolument indispensable à l’adaptation de notre agriculture au changement climatique.

Puis en matière de gestion des risques, rien ne sert d’afficher une réforme ambitieuse si elle n’aboutit pas. Avec mes collègues des grandes cultures j’en appelle à un véritable choc assurantiel grâce à un dispositif attractif et mis en œuvre dès 2023. Les premiers projets de textes d’application ne vont pas assez loin. Nous demandons l’application du règlement Omnibus (un seuil de déclenchement à 20 % et une subvention des primes d’assurance à 70 % pour toutes les productions), la prise en compte des pertes de qualité ou des rendements objectifs pour les semences et une révision des barèmes de prix assurables, tenant compte de l’envolée des coûts.

Notre agriculture est mise à rude épreuve mais elle démontre chaque jour davantage à quel point notre activité est indispensable et nos gouvernants, même les plus urbains d’entre eux, en ont pris conscience. Nous continuons donc sans relâche à promouvoir le maïs et les maïsiculteurs pour que notre activité soit sécurisée et nos filières préservées.

 


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