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« On a remporté une bataille, reste à gagner la guerre »

A l’occasion d’un conseil d’administration, le président de la FRSEA Auvergne-Rhône-Alpes, Michel Joux a appelé ses troupes à maintenir la pression pour qu’aboutissent un certain nombre de dossiers stratégiques.

De gauche à droite : Michel Joux, Yannick Fialip et Jérôme Volle, élus à la FRSEA Auvergne-Rhône-Alpes.
De gauche à droite : Michel Joux, Yannick Fialip et Jérôme Volle, élus à la FRSEA Auvergne-Rhône-Alpes.
© SC

En quoi la loi alimentation va-t-elle permettre de redonner du pouvoir aux producteurs, jusque-là variable d’ajustements des négociations commerciales ?

Michel Joux : Le combat que nous menons, et qui s’est accéléré depuis deux ans avec le blocage massif des centrales d’achats est un combat de longue haleine. Depuis quarante ans, ce dossier stratégique des prix est en souffrance. Alors que la loi alimentation vient d’être adoptée, on peut dire que nous avons avancé, certes peut-être pas encore assez, mais il y a un changement de paradigme notoire dans la construction du prix. Nous allons continuer de maintenir la pression sur les indicateurs de coûts de production car c’est la base du processus. Et puis, nous avons obtenu gain de cause sur les importations distorsives. Autrement dit, demain, la restauration hors foyer qui jusqu’alors écoulait de la marchandise, de la viande en particulier, ne respectant pas les mêmes normes sanitaires que nous, ne pourra plus le faire.

Concrètement qu’entendez-vous par construction du prix en marche avant ?

M.J. : Ce n’est plus l’industriel qui va déterminer le prix d’achat des produits agricoles, mais c’est l’organisation de producteurs (OP) qui va lui indiquer le prix de vente des produits. L’industriel sera tenu de répondre à la proposition de contrat de l’OP, proposition qui sera obligatoirement agrafée au contrat final. Les OP devront donc être extrêmement solides pour faire face aux industriels. Aujourd’hui, leur seul sujet c’est de constituer des associations d’organisations de producteurs pour peser sur les prix. Le syndicalisme sera vigilant sur la bonne articulation du dispositif. Nous n’admettrons pas que des OP fassent des propositions au rabais.

L’arsenal législatif, en particulier les ordonnances sur les prix abusivement bas, sont de nature à renforcer le dispositif ?

M.J. : Telles qu’elles ont été rédigées, les ordonnances sur les seuils de revente à perte et sur les promotions abusives sont conformes à ce que nous attendions. En revanche, il reste à obtenir gain de cause sur l’ordonnance sur les prix abusivement bas. Cette ordonnance est stratégique, car en cas de manquement, elle peut entraîner des condamnations pouvant aller jusqu’à 7 millions d’euros. Nous avons là, un moyen inédit de faire pression sur les industriels. A ce stade, nous estimons qu’un prix abusivement bas doit être jugé en fonction des indicateurs de coûts de production établis par les interprofessions ou par l’observatoire des marges. La loi est votée, mais sans les ordonnances, sa portée sera très amoindrie. D’où l’intérêt pour notre réseau de ne pas baisser la garde. Nous avons remporté une bataille, reste à gagner la guerre.

Sur les exonérations de charge pour les travailleurs occasionnels, le réseau FNSEA-JA a réussi à ramener à la raison les pouvoirs publics…

M.J. : Effectivement grâce à la mobilisation de notre réseau et à l’écoute attentive des parlementaires, le Gouvernement a enfin mesuré les conséquences catastrophiques induites par la suppression des dispositifs d’exonération de charge pour les employeurs agricoles de travailleurs saisonniers (TO-DE). Cette avancée ne doit toutefois pas masquer une réalité : 39 millions d’euros manqueront encore par rapport au dispositif précédent. Là-aussi, nous ne baissons pas la garde, et nous avons d’ores et déjà sollicité les parlementaires.

Fin octobre, le ministre de l’Agriculture a annoncé un certain nombre de mesures pour faire face à la sécheresse (dégrèvement TFNB, lancement des procédures calamités, report ou allégement cotisations MSA…). Sur ce dossier, avez-vous également sollicité la Région ?

M.J. : Nous avons effectivement rencontré le vice-président en charge de l’agriculture, Jean-Pierre Taite, pour lui faire part de nos attentes. Par le passé, en Auvergne comme en Rhône-Alpes, la Région avait déjà soutenu les agriculteurs touchés par la sécheresse. Les choses sont en cours de calage avec la Région. Nous espérons aboutir dans les meilleurs délais.

Alors qu’un large mouvement citoyen pour dénoncer l’augmentation sans précédent du prix des carburants est prévu le 17 novembre, quel est le positionnement de la profession agricole ?

M.J. : Il est très clair que nous partageons le sentiment d’abandon du milieu rural par les pouvoirs publics. La ruralité est encore une fois mise à mal par cette augmentation du prix des carburants. Le discours sur les transports en commun ou le recours au vélo n’est pas entendable de chez nous. Il est le fruit de réflexions parisiennes, très éloignées des réalités de notre quotidien. De manière plus globale, cette flambée du prix des carburants, est la goutte d’eau qui fait déborder la colère. Les ruraux, et les agriculteurs en particulier se sentent de plus en plus isolés par rapport au reste de la société. Pas un jour ne passe, sans que les agriculteurs ne soient mis au banc des accusés. Tous les jours, les médias en remettent une couche. Nous disons ça suffit. La réalité du terrain mérite d’être remise au centre des débats. Le milieu rural sans l’agriculture c’est la friche, c’est de l’économie qui s’en va et les hommes avec. Que chacun, y compris au plus haut niveau de l’Etat en ai bien conscience.

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