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Plus de 1000 éleveurs mobilisés à Lyon contre le loup

Le 9 octobre, plus de 1 000 éleveurs et un millier de brebis à Lyon, pour dénoncer un futur plan loup inadapté aux besoins ; les attaques de loups se multiplient dans les alpages.

C’est la voix tremblante, empreinte d’émotion, qu’il prend la parole face à plusieurs centaines d’éleveurs. Mikaël Tichit, président de la section ovine de Lozère est venu manifester à Lyon lundi 9 octobre «pour dire stop aux attaques incessantes du loup». «Nous sommes tous concernés. Cette situation ne peut plus durer», lance-t-il d’un ton ferme. Les larmes aux yeux, c’est la boule au ventre qu’il descend de l’estrade. «Quand on tire un loup, c’est qu’il y en a dix derrière. On ne prend pas du plaisir à le faire», s’indigne-t-il.

Le droit à se défendre
13 heures, un flot de brebis envahit la place Bellecour. Elles descendent une à une d’immenses camions, escortées par les forces de l’ordre. Ce décor atypique à quelques mètres de la statue de Louis XIV, en plein cœur de l’une des plus grandes places d’Europe, interpelle les passants. «Que se passe-t-il ?» demande une femme, le regard étonné. «Nous défendons tout simplement notre métier», lui répond un éleveur près d’elle. C’est plus précisément leurs animaux qu’ils sont venus défendre aujourd’hui en plein centre-ville, à l’heure où le futur plan loup 2018-2023 en cours de renégociation pourrait les exposer «à encore plus d’attaques», dénoncent-ils. «Les propositions actuelles des ministères de l’Agriculture et de la Transition écologique et solidaire ne prennent pas en compte les intérêts des éleveurs portés par le CAF loup. Elles sont en régression par rapport aux règles actuelles de régulation», s’exclame Patrick Bénézit, secrétaire national adjoint de la FNSEA.
Selon la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles, la Fédération nationale ovine et Jeunes agriculteurs, le futur plan loup limite de manière injuste les tirs de prélèvement et priorise les consignes d’intervention de la brigade loup ainsi que l’utilisation de tirs confiés exclusivement au préfet coordonnateur. «Stop», brandissent les éleveurs sur leurs pancartes. «Nous demandons d’inscrire dans le plan loup le droit permanent à se défendre contre les prédateurs, indépendamment de tout plafond. Chaque territoire doit pouvoir se réguler de manière autonome, explique Michel Joux, nous souhaitons qu’au plan loup soit intégré un véritable plan éleveur pour la sauvegarde de nos métiers».

Du stress et de la fatigue
Annie a transmis son métier à son fils Philippe, il y a une vingtaine d’années. Cet après-midi, elle souhaite porter sa voix, lui qui n’a pas pu s’absenter de son travail. Éleveur ovin, installé à Saint-Nicolas-de-Véroce, en Haute-Savoie, cet été il a perdu 32 bêtes en 48 heures. «Il y a eu deux attaques, une à 23 h, l’autre à 3h du matin. Mon fils et son berger ont tout entendu mais n’ont rien pu faire. C’était atroce», raconte-t-elle. Michel, 73 ans, marche le long des quais du Rhône au rythme des cloches, à quelques pas du cortège interminable de brebis en route vers la préfecture. C’est ici qu’une délégation d’éleveurs doit être reçue à 15 h 30 par le préfet coordonnateur, Henri-Michel Comet. «Je suis éleveur d’ovins et de vaches allaitantes dans la Drôme. Depuis 2002 j’essuie des pertes. En 2013, j’ai décidé de ne plus pratiquer d’alpage. J’ai été obligé de diviser mon troupeau par trois, regrette-t-il. J’espère que ces échanges donneront lieu à des décisions concrètes». De son côté, Anne-Marie est à bout de forces. Comme elle l’affirme, «ce sont les nerfs qui me tiennent désormais».  Et d’ajouter : «Je veux que cette pression s’arrête. Le stress, la fatigue, ça ne s’indemnise pas ça ! On ne peut plus vivre dans ces conditions-là», lâche cette éleveuse installée dans les Hautes-Alpes depuis vingt-cinq ans.
À la veille d’une réunion de travail annulée et reportée, entre syndicats, associations et représentants de l’État, cette manifestation «aura permis de mettre les points sur les “i“».
Le 12 septembre dernier, une première rencontre en préfecture avait échoué, les représentants des éleveurs avaient claqué la porte à l’occasion de la présentation du nouveau plan loup. Aujourd’hui, leurs demandes sont claires. Parmi elles, la pérennisation des brigades d’appui aux éleveurs et la mise en place d’une brigade par territoire prédaté ainsi que le déclassement du loup dans la Convention de Berne et la Directive Habitats.
À l’issue de la rencontre, le préfet coordonnateur a annoncé «avoir jeté à la poubelle la copie du 12 septembre», affirmant vouloir mettre «l’humain en plein cœur de ce dispositif». Michèle Boudoin, présidente de la FNO, redonne espoir aux éleveurs. «Dès demain, je reprendrai contact avec le ministère de l’Agriculture. Il ne faut rien lâcher, c’est dans les prochaines semaines que va se jouer le futur plan loup».

Témoignage de Mikael Tichit…

«Trop de gens baissent les bras…»

Rencontré dans les allées du Sommet de l’Élevage jeudi dernier, sur le stand de l’APIV 43, Mikael Tichit président de la section ovine de la FDSEA 48 et éleveur à St Alban Limagnole en Lozère aux confins (à 3 km) de la Haute-Loire, nous confiait son désarroi. La veille au matin, lui et son voisin, ont essuyé une attaque de loup avec au bilan 2 brebis tuées (une dans chaque troupeau), une brebis euthanasiée et 12 blessées… et ce sans compter les dégâts colatéraux sur 2 troupes gestantes de 86 brebis au Gaec Tichit et 70 environ pour son collègue. Les 2 éleveurs sont sélectionneurs en Blanche du Massif-Central…
C’est un homme «dépité» que nous avons rencontré. «Les mesures de protection sont inefficaces, notamment face à une meute» lance Mikael Tichit. Il dénonce également une trop grande passivité et une gestion du problème à l’échelle de l’exploitation et non dans un cadre collectif à long terme. «Les solutions ne sont pas faciles, mais trop de gens baissent les bras… il faut au contraire se mobiliser et s’impliquer réellement dans la défense de nos troupeaux et de notre métier».

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