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Rentrée agricole : “On est très loin de l’euphorie !”

Le redressement des cours des productions animales ne suffira pas à compenser la flambée des charges alourdies par la sécheresse notamment.

Une session de rentrée présidée par Patrick Escure sur fond d’inquiétude sur les conséquences de la sécheresse.
Une session de rentrée présidée par Patrick Escure sur fond d’inquiétude sur les conséquences de la sécheresse.
© P.O.

Qu’on voit le verre à moitié vide ou pour les plus optimistes, à moitié plein, l’exercice 2018 ne devrait pas être synonyme d’amélioration de la trésorerie des éleveurs du Cantal. Car si la fin du printemps, trempé à souhait, laissait augurer une année en forme d’embellie, les aléas climatiques sont venus plomber ces espoirs et sérieusement renchérir les coûts des productions animales. La sécheresse qui a sévi aux quatre coins du globe a conduit à une récolte céréalière moindre que le niveau des utilisations et donc à des stocks limités. Conséquence : un cours du blé tendre qui s’est envolé en août à 215 €/t et qui, de l’avis des experts, pourrait continuer de flirter avec les 200 €/t dans les prochaines semaines, alourdissant la facture alimentaire des troupeaux.  Sachant que de nombreux éleveurs cantaliens ne pourront faire l’impasse sur des achats de fourrages compte tenu des ruptures de pâture déjà effectives sur le Nord-Ouest Cantal. Et que la spéculation, comme la concurrence sur le marché de la paille, va bon train (lire par ailleurs). L’agriculture subit aussi les répercussions de la flambée du baril de pétrole (80 $) et donc de l’énergie. Et devra composer sans l’éphémère allègement des cotisations sociales sucré par le gouvernement.

Pressions injustifiées à la baisse du maigre

Au verso de ce compte de résultats, la bonne tenue des cours des productions animales jusqu’à ce stade ne devrait pas permettre de redresser la barre des revenus 2018. Comme l’a fait Patrick Chazal vendredi dans son traditionnel exposé de conjoncture devant les élus de la Chambre d’agriculture, on peut néanmoins apprécier un prix du lait moyen pondéré en hausse de 4,4 % sur le premier semestre 2018 (343 €/1 000 l), avec un indicateur AOP provisoire pour cette année établi à 373 €/1 000 l (en 2017, il était de 383 €, soit une plus-value AOP de 68 €). Les marchés laitiers internationaux sont orientés à la hausse, du fait d’une collecte stable voire en baisse, synonyme de raffermissement des cours des produits industriels, notamment de la poudre de lait, dont les stocks européens d’intervention n’ont cependant été que légèrement entamés.  Dans le secteur de la viande bovine, les prix des broutards croisés se sont maintenus au beau fixe toute la campagne 2017-2018, en lien avec une raréfaction de l’offre, qui ne devrait pas durer au vu de la hausse des naissances observée depuis le début d’année à la BDNI(1). En ce début de nouvelle campagne, il n’y a cependant pas de raison de voir les cours du maigre s’effriter et de subir la pression des opérateurs à la baisse, a fait valoir Patrick Bénézit (FNB). Ce dernier indiquant qu’un nouveau certificat sanitaire, identique à celui en vigueur il y a deux ans, a été acté cet été par les autorités d’Ankara même si, pour l’heure, les courants commerciaux avec la Turquie restent freinés par la forte dévaluation de la lire turque. Le marché des réformes reste lui très compliqué du fait d’une offre abondante que la sécheresse ne devrait pas tarir.

Libre échange : pas d’inflexion

Toujours dans la colonne des recettes, Joël Piganiol (FDSEA) s’est fait l’écho de la demande des syndicats FNSEA-JA auprès du ministre en faveur du paiement d’un acompte de 90 % des aides Pac cet automne(2) au vu de ce contexte délicat. Il a par ailleurs relayé l’inquiétude forte de la profession quant aux négociations de l’UE avec le Mercosur et l’Océanie, regrettant que la France ne pose pas son véto à ces accords de libre échange aux conséquences que même les plus modérés prédisent délétères pour l’élevage hexagonal.  Autre menace, en forme de potentielle désillusion : une loi Alimentation issue des États généraux, qui, sauf bonne surprise au Parlement, pourrait ne pas “changer grand-chose” dans les relations commerciales et la construction du prix des produits agricoles, contrairement aux grandes ambitions macroniennes initiales. Autant d’éléments qui font dire au président de la FDSEA qu’on est “loin de l’euphorie”. Un avis et des positions partagés par le porte-parole de la Confédération paysanne, Stéphane Malroux, y compris sur la probable présence du loup sur les monts du Cantal. “Même si on ne veut pas de loup dans le Cantal, il faut que les éleveurs se protègent tout en sachant que les mesures proposées ne sont pas forcément efficaces”, a déclaré ce dernier, tandis que Patrick Bénézit invitait les éleveurs à demander - comme la loi les y autorise - une autorisation de tir de défense simple.

(1) Base de données nationale de l’identification.

(2) Contre 50 % prévus sur le premier pilier, 75 % pour l’ICHN. Alertée notamment par la France, l’UE pourrait donner son feu vert pour majorer le montant de cet acompte, a indiqué le préfet.

Droits de reproduction et de diffusion réservés.

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