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Robe acajou le jour, poudreuse la nuit : la double vie de Pierre Pouderoux

Depuis 32 ans, Pierre Pouderoux dame les pistes du domaine skiable cantalien. Un métier devenu une vraie passion, pour celui qui enchaîne avec le soin aux vaches salers.

La station du Lioran n’a plus de secrets pour Pierre Pouderoux. Il dame les pistes skiables depuis 32 ans.
La station du Lioran n’a plus de secrets pour Pierre Pouderoux. Il dame les pistes skiables depuis 32 ans.
© V.I.

Quatre heures du matin. Alors que beaucoup dorment encore, lui est déjà à la tâche. Sa mission : rendre les pistes skiables de la station du Lioran bien plates, afin de permettre aux utilisateurs de les emprunter dès 9 heures. On est vendredi (NDLR : 13 janvier), veille d’un week-end prometteur qui devrait voir affluer beaucoup de monde car cette nuit-là, la neige, tant espérée par les skieurs et les commerçants du domaine, est tombée en abondance. Au volant de sa dameuse, Pierre Pouderoux, de Saint-Jacques-des-Blats, sa feuille de route en main où sont indiquées les recommandations des pisteurs laissées la veille, est parti pour cinq heures de travail. Ce jour-là, il y a 13 pistes (sur 42) à damer. Des kilomètres de blanc à se répartir avec un autre collègue. Pierre Pouderoux, lui, a la charge du massif de Massebœuf. “Cette partie du domaine du Lioran est intéressante car elle se situe essentiellement vers le nord. Il y fait plus froid et la neige, généralement, tient bien”, explique-t-il. Très vite et grâce à un œil avisé, il fronce les sourcils : “Il n’a pas encore assez neigé et donc la couche est trop fine. Après mon passage avec la dameuse, on aperçoit parfois l’herbe et la terre à certains endroits.”

Des dameuses de 400 CV

Cette station, nichée au cœur du massif cantalien et qui s’étend sur 150 hectares jusqu’à 1 850 mètres d’altitude, Pierre Pouderoux en connaît tous les recoins. Comme d’ailleurs ses six autres collègues. Cela fait 32 ans qu’il arpente les pistes cinq jours par semaine. “Les trois premières années, j’ai été affecté à la réparation des machines mécaniques, puis à l’entretien des pistes. Lorsqu’une place de dameur s’est libérée, j’ai postulé. Je n’ai jamais regretté. Il y a une vraie bonne entente au sein de l’équipe.” Pour pallier le manque de neige, la station est équipée de canons à neige, 241 au total. L’objectif étant de produire un maximum de neige de culture en un minimum de temps. Ce qui permet d’ouvrir aux touristes 70 % du domaine skiable. Lorsque les enneigeurs prennent le relais, se forme alors un assez haut tas de neige que les dameuses doivent répartir et tasser. “On en fait, des allers-retours, à ce moment-là ! Mais je me suis habitué aux secousses”, sourit le professionnel, par ailleurs éleveur salers. Au fil des ans, le matériel a aussi évolué. Et ce n’est pas lui qui s’en plaindra : “Aujourd’hui, les dameuses sont vraiment très confortables et sont de plus en plus puissantes. On est passé de 170 à 400 CV, voire 500 CV. Les engins grimpent mieux, plus vite et le rendu est bien plus important.” Les heures défilent. Pierre Pouderoux s’accordera une courte pause de 30 minutes avant de repartir vers la piste Font de Cère, une verte, puis la piste Nouvelle, une rouge. “ J’en profite parfois pour boire un café et faire un point avec mes collègues.” Météo France a annoncé de la neige en abondance pour le lendemain soir et des températures de plus en plus froides pour la semaine prochaine. “C’est bon pour nous”, lance-t-il.

La nuit, le moment qu’il préfère

Si les prévisions météorologiques se maintiennent, le domaine du Lioran devrait ouvrir davantage de pistes. Pour le plus grand bonheur des amoureux de la glisse. Du coup, Pierre Pouderoux devra se lever plus tôt ! Les noctambules qui prendront un dernier verre avant de regagner leur chalet le croiseront peut-être, puisqu’on le retrouvera en bas des pistes vers 1 heure. La nuit. C’est le moment qu’il préfère. Tout est quiétude et silence. “On passe des heures seul au volant de son engin, mais nous communiquons beaucoup entre nous. Non seulement c’est tranquille, la nuit, mais c’est bien plus pratique pour la visibilité. On y voit bien mieux. Le pire, c’est par temps de brouillard. On passe notre temps à chercher nos repères de chaque côté des pistes. C’est assez fatiguant pour les yeux.” Le jour commence à se lever timidement. Les restaurants, bars et brasseries se préparent pour accueillir les premiers clients, suivis des commerces de souvenirs et d’équipement. Le dameur a bien avancé. Alors, il décide de faire un petit détour et de pousser jusqu’au Plomb du Cantal, le point culminant du site (1 855 mètres). “Il y a beaucoup de vent là haut, du coup, il y a beaucoup de congères. Nous avons commencé à étaler la neige mais faudra repasser...”, détaille-t-il. En redescendant, un pisteur lui fait signe. C’est justement celui qui lui a laissé ses recommandations la veille. L’occasion pour eux de faire le point sur l’état des pistes. En fin de journée, une fois les skieurs partis, les pisteurs dévaleront une dernière fois l’ensemble du domaine skiable afin d’inscrire sur la feuille de route les instructions destinées aux dameurs. La journée de travail de Pierre Pouderoux est presque terminée. Avant de ramener la dameuse au garage, il jette un coup d’œil à la jauge à essence. “On fait l’appoint en rentrant comme ça, le lendemain, la dameuse est opérationnelle de suite.” Mais ce dernier doit encore aller s’assurer qu’on n’a plus besoin de lui… jusqu’à cette nuit. “Mes collègues et moi recevons régulièrement des collégiens envoyés par le Conseil départemental, pour leur expliquer notre métier.”

Plus d'infos à lire cette semaine dans L'Union du Cantal.

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