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« Si c’est Bigard qui calcule nos coûts de production… »

Président de la section régionale bovine, Frédéric Blanchonnet est intervenu au congrès de la Fédération nationale bovine (FNB) pour porter la voix des éleveurs auvergnats-rhônalpins, insistant notamment sur la portée de la loi « agriculture ».

© AA

Un peu plus d’un an après son lancement, quel bilan faites-vous de la démarche
« Éleveur et Engagé » ?

Frédéric Blanchonnet : Un prix enfin rémunérateur pour nos élevages, c’est notre combat. Je dois dire que la bataille est dure, longue et parfois épuisante. Mais nous arrivons à faire avancer les choses. À ce titre, même si elle a des imperfections, notre démarche « Éleveur et Engagé » progresse. Bien sûr qu’il serait préférable que tous les animaux abattus rentrent dans la valorisation mais regardons les chiffres. C’est une réussite syndicale. N’ayons pas peur de le dire. « Éleveur et Engagé » n’est qu’une étape. L’esprit de cette démarche a été traduit au sein du plan de filière dans le cadre des États généraux de l’alimentation. Il va falloir que la FNB soit très ferme. Un plan de filière, il ne suffit pas de l’écrire, il faut le mettre en œuvre dès maintenant.

Qu’attendez-vous de ce plan de filière ?

F.B. : La première étape sera d’atteindre le niveau des 30 % de contractualisation qui intègre les coûts de production. 30 %, un objectif ambitieux et atteignable mais il faut aller au-delà. C’est bien toutes les relations commerciales qui doivent faire référence au plancher des coûts de production.
Pour réussir à atteindre les objectifs du plan de filière, il sera nécessaire que les acteurs de l’aval de notre filière changent d’attitude. Les éleveurs ne sont pas des producteurs de minerai dont les prix sont maintenus artificiellement bas au bon vouloir de certains acteurs. Prenez par exemple le sujet de l’exportation. Tous les ans, nous bataillons pour pousser notre administration à lever les freins à l’exportation, à ouvrir de nouveaux marchés. C’est plutôt une réussite. Notre production de qualité est reconnue dans le monde. De plus en plus de pays déficitaires en viande bovine veulent nous en acheter. Mais on ne peut pas dire que nos opérateurs d’aval se battent pour aller sur ces marchés. Si je me mets un tant soit peu à leur place, ils ont sans doute un raisonnement très simple : « Pourquoi aller créer une tension sur le marché intérieur ? Ça risque de faire monter les prix. Pourquoi travailler plus pour vendre plus cher sachant que mes marges sont assurées ? Cher ou pas cher, j’ajuste sur le prix d’achat aux producteurs. »

Comment enrayer cette stratégie de destruction de valeur ?

F.B. : Il n’y a pas trente-six solutions. Il faut revoir les mécanismes de fixation des prix en commençant pas l’amont. La loi devrait le permettre demain. Toutefois, nous devons rester vigilants puisque si la loi issue des États généraux, va dans le bon sens, elle ne va pas jusqu’au bout. Certes les coûts de production devront être pris en compte mais si c’est Bigard qui les calcule pour nous, on ne sera guère plus avancé. Il est indispensable que la détermination des coûts de production soit faite par des organismes publics. La FNB devra être forte pour que la réglementation soit clairement contraignante et pour qu’enfin, on retrouve du prix en élevage et un revenu pour les éleveurs.

Vous demandez au gouvernement français de la fermeté sur les termes du projet de Loi, mais aussi de la cohérence dans le cadre des échanges internationaux…

F.B. : Il n’est pas concevable de demander aux éleveurs français de courir le 100 mètres en moins de dix secondes avec des boulets aux pieds alors que nos concurrents sont chargés à l’EPO… je ne vois pas comment on peut y arriver. Notre gouvernement et les parlementaires doivent prendre conscience de cette situation et refuser tout accord d’importation de viande bovine si elle n’est pas produite dans les mêmes conditions qu’en France. La position du président de la république lors de ses vœux à l’Agriculture est tout simplement inadmissible. Il devra revenir en arrière, de grès ou de force.

Première région de montagne de France et d’Europe, la région Auvergne-Rhône-Alpes est particulièrement concernée par le débat actuel sur le financement des ICHN et la réforme des zones défavorisées. Quelle est la position des éleveurs ?

F.B. : Sur la nouvelle zone défavorisée, nous avons encore des éleveurs qui voient leurs communes exclues du périmètre alors qu’elles étaient auparavant classées. Nous continuons à nous battre pour obtenir leur réintégration, notamment en raison de la logique de continuité territoriale. Mais le gros point d’interrogation reste le budget. En Auvergne-Rhône-Alpes, notre position est claire et affirmée par tous, y compris par l’ensemble du Conseil d’administration de la FRSEA. Pas d’ICHN végétale. La seule raison de ce positionnement est bien sûr budgétaire.
La seule réforme du zonage va impliquer un trou conséquent dans le budget ICHN. Un trou déjà abyssal suite au rapt de 300 millions par Bercy. L’écrit du discours du président de la république le 25 janvier sur le sujet est plus qu’ambigu. Facile de dire qu’il n’y aura pas d’écrêtement quand un stabilisateur abusif de 8% est déjà en place et s’applique à tous les bénéficiaires ! C’est à l’État d’assumer les conséquences de ses réformes, pas aux éleveurs.

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