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« Une année moyenne pour les grandes cultures »

BILAN Concernant les deux-tiers des exploitations agricoles françaises, les grandes cultures représentent un baromètre important de l’état de notre agriculture. Alors que la campagne 2020 continue de battre son plein, tour d’horizon avec Nicolas Perret, président de la section grandes cultures à la FRSEA Auvergne-Rhône-Alpes.

Nicolas Perret est installé dans l’Allier.
Nicolas Perret est installé dans l’Allier.
© AA03

Quel premier bilan pouvez-vous dresser de la campagne 2020 pour les grandes cultures ?
Nicolas Perret : Nous devrions être sur une année moyenne pour les grandes cultures, loin d’être exceptionnelle mais sans doute moins mauvaise que ce que l’on pouvait craindre au départ. Pour ce qui est de l’orge, les moissons ont commencé depuis environ une semaine. Le temps sec du mois d’avril a limité le nombre d’épis et malgré le retour des pluies en mai, le rendement devrait être dans la norme même s’il sera plutôt réduit. D’après nos estimations, nous devrions arriver à 54 q/ha contre 59 q/ha l’an dernier et 56 q/ha en moyenne quinquennale. Les blés sont, quant à eux, en avance d’une dizaine de jours. Dans un premier temps, nous étions plutôt inquiets car les conditions de semis étaient trop humides et le début de l’hiver s’est révélé particulièrement sec. Le printemps a finalement été plus clément que prévu ce qui nous a permis de compenser les dégâts de gel que nous avions connus au mois d’avril.

Qu’en est-il du colza et des céréales qui arriveront plus tard dans la saison comme le maïs et le tournesol ?
N.P : La situation n’est pas très bonne pour le colza avec un sol sec au moment du semis et de mauvaises levées. Nous avons subi des attaques d’insectes, des épisodes de gel en avril et des pluies qui sont revenues au moment où la floraison était achevée ce qui a eu un gros impact sur le rendement. La récolte devrait être précoce avec un rendement attendu de 28 q/ha. Pour ce qui est du maïs, les conditions de semis et les levées sont plutôt bonnes. Les stades s’échelonnent de cinq à six feuilles pour les semis de fin avril et de dix à douze feuilles pour les implantations de début avril. Les stades du tournesol s’échelonnent quant à eux de quatre à douze feuilles suivant la date de semis. En raison de conditions sèches au moment des semis, certaines parcelles connaissent des levées hétérogènes. Cela favorise les attaques de corbeaux et de pigeons qui viennent manger les graines directement dans le sol ce qui nous oblige à resemer.

Comment les marchés des grandes cultures s’orientent-ils aujourd’hui ?
N.P : Pour ce qui est du blé, on constate un certain attentisme des acheteurs ce qui fait légèrement baisser les prix. Malgré tout, les cours se sont maintenus et l’orientation est aujourd’hui à peu près contenue. Nous sommes surtout attentifs à la baisse des cours du pétrole et des biocarburants car ils entraînent avec eux ceux des oléagineux. Si la demande en bio diester redémarre, cela pourrait par exemple permettre de faire remonter les prix du colza. Nous nous questionnons également sur le maïs qui a un peu décroché. Nous avions quelques doutes sur notre capacité à tenir en début du confinement, finalement les exportations qui avaient déjà été faites avant nous ont permis de garder le cap. Aujourd’hui la grande question, c’est celle de la réouverture des frontières qui conditionne tout le reste. C’est un vrai enjeu mondial sur lequel nous n’avons pas forcément la main et surtout très peu de visibilité à moyen terme.

Les producteurs de céréales ont-ils été impactés par la crise du coronavirus et le confinement ?
N.P : En tant qu’agriculteurs, nous avons pu continuer de travailler assez normalement. Bien sûr, ceux qui ont rencontré des problèmes de matériel ont eu plus de mal que d’habitude à le faire réparer. Mais à part ça, nous nous en sommes plutôt bien tirés par rapport à d’autres. L’impact a plutôt été extérieur, comme pour les organismes stockeurs ou pour les transports. Contrairement aux fruits qui emploient beaucoup de main-d’œuvre étrangère, nous n’avons pas eu de problème d’emploi car nous travaillons surtout avec des travailleurs locaux. De par la nature de notre travail, nous avons aussi plus de facilités à appliquer la distanciation sociale au quotidien. Cette période aura même eu un impact positif pour nous : nous étions souvent taxés de pollueurs, or la pollution globale a baissé alors que nous avons maintenu le même rythme de travail. C’est bien la preuve que, même si nous pouvons faire mieux, d’autres secteurs d’activité sont des plus gros pollueurs que nous.

Propos recueillis
par Pierre Garcia

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