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Une conversion bio réussie malgré les années sèches

Joël Dufour est éleveur naisseur-engraisseur de bœufs à Target dans le bocage Bourbonnais. L’élevage du bœuf n’a pas de secret pour lui, mais pour continuer à le valoriser, il a choisi de s’engager en agriculture biologique en 2017 avant les années de sécheresse !

Bœufs en début d’engraissement en septembre dans une prairie de trèfle & fétuque élevée et 1.2Kg de méteil + 0.3 Kg d’épeautre /jour.
Bœufs en début d’engraissement en septembre dans une prairie de trèfle & fétuque élevée et 1.2Kg de méteil + 0.3 Kg d’épeautre /jour.
© E Desilles, CA03

Assolement diversifié et rotation longue
La proportion de terres labourables de la SAU (172ha) est limitée par le rocher qui affleure dans certaines parcelles ; elle permet néanmoins une rotation longue entre prairies et cultures. C’est une clé de réussite des cultures et le renouvellement régulier des prairies assure le taux de légumineuses dans les prairies temporaires. L’intégration de nouvelles parcelles, contrairement au projet de conversion, donne la possibilité de conserver une surface de blé panifiable à vendre. C’est en plus une autonomie en paille et surtout une autonomie fourragère nécessaire en année sèche. La diversité des cultures et des récoltes (maïs ensilage, triticale, blé, épeautre, méteil à double fin, prairie permanente, temporaire et artificielle de luzerne et de trèfle) assure une résilience au système fourrager face aux aléas de la météo et au changement climatique. Depuis 2017, pour sécuriser l’implantation de ses prairies multi-espèces, il les sème simultanément au méteil fourrager qui précède.

Système d’élevage naisseur-engraisseurs de gros bovins :
Deux cheptels se côtoient, l’un en charolais et l’autre en aubrac en cours de constitution. La reproduction est assurée avec 4 taureaux dont le choix a été soigneusement réfléchi avec les services de son groupement. Les vêlages sont groupés en fin d’hiver, permettant de réduire les besoins de stock en fourrages (1.8t de MS/UGB en 2020). Joël ne réalise pas d’échographie et préfère une remise en état des vaches en extérieur pendant l’hiver avant leur engraissement à base d’herbe pâturée au printemps. Ceci explique le nombre de vaches présentes important par rapport au nombre de vêlage.
Le taux d’engraissement des animaux (64% en 2020) est limité par le logement disponible en bâtiment : il y a 25 places pour les génisses et 14 pour les bœufs. L’engraissement des bœufs et des génisses se fait en intérieur pendant l’hiver pour les vendre lorsque les primes de saison sont les meilleures avec son groupement.
En 2020, il y a eu 91 bovins produits pour 100 vaches pour un objectif de 95. Cette différence s’explique par un délai de réforme plus élevé du fait de l’attente des vaches avant leur engraissement à l’herbe.

Commercialisation en 2020 :
C’était la première année de vente 100% en AB des animaux finis, majoritairement en charolais. Par rapport aux valorisations en bio sur le bassin charolais (synthèse du réseau Inosys charolais de données d’abattages des animaux collectés en AB en 2020), Joel a engraissé des animaux plus lourds et mieux valorisés du fait entre autres de la période de vente. Ses premières ventes de bœufs aubracs l’encouragent à continuer car, selon lui, les animaux restent en état facilement et l’engraissement demande moins de concentrés.

Marge de l’atelier et évolutions depuis la conversion
Le nombre de vaches est resté le même grâce à l’agrandissement sur 40 ha. La production de viande par UGB a diminué et se rapproche des systèmes équivalents : 283 kg/UGB en système naisseur-engraisseur de bœufs 2015-2017 .

Le produit hors aides est en hausse en 2020 en relation avec les prix en bio. Mais la marge par UGB baisse du fait d’un coût alimentaire élevé en bio (coût de cession des concentrés à des prix en AB : 280 €/t en triticale et 300 €/t pour un méteil triticale pois). Les bonnes conditions de pousse de l’herbe de 2021 devraient permettre d’économiser en cout de concentré.
Le système de production de l’éleveur est efficace du fait d’un renouvellement dynamique de ses vaches (30% en 2020) lui permettant l’engraissement de vaches assez jeunes (< 8 ans) et du fait d’un système fourrager résilient aux aléas (semis des prairies sous couvert, méteil à double fin et cultures diversifiées). Mais Joël reste vigilant face au coût alimentaire des broutards alourdis et non vendus en AB et face au coût de production du maïs ensilage en AB. Enfin l’éleveur souhaite encore aller de l’avant, il cherche une solution de logement des animaux pour pouvoir, à chargement constant, augmenter le nombre de bœufs à l’engraissement et ainsi améliorer son taux de finition en AB. Son autre projet, malgré son attachement à la race charolaise, serait de développer la part de son cheptel en aubrac : depuis l’achat de ses premières génisses, il est séduit par cette race en adéquation avec ses nouvelles affinités.


1/source : systèmes allaitants en AB : gagnant à tous les coûts ? -Tech&Bio 2019

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